Les récentes annonces d’Apple Music en faveur du déploiement de l’audio spatial ne font pas que des heureux chez les labels indépendants.
La semaine dernière, Apple a en effet annoncé que les artistes proposant une version en Dolby Atmos (audio spatial) de leurs chansons seraient plus généreusement rémunérés pour chaque écoute. Mais cette nouvelle politique va laisser de côté celles et ceux qui ne peuvent se payer le luxe d’un mixage adapté.
Un rapport de force déséquilibré
D’après les informations du Financial Times, les artistes proposant un catalogue en Dolby Atmos seront rémunérés 10% de plus que ceux ne disposant pas de chansons dans ce format. Le problème, font savoir plusieurs labels indépendants (sur lesquels sont notamment signés Adele, Phoebe Bridgers ou Vampire Weekend), est que cette prime risque de priver les artistes n’étant pas en mesure de répondre à ces critères.
Apple rémunère en effet les artistse grâce à l’argent des abonnements à Apple Music. Mais, si certains gagnent 10% de plus, cela signifie mécaniquement que la part restante pour rémunérer les autres est plus réduite.
D’après plusieurs sources interrogées par le Financial Times, produire de la musique en audio spatial coûte environ 1000$ par titre, ou 10000$ par album. De plus, remixer des albums déjà sortis sans prendre en compte le format Atmos peut nécessiter des coûts supplémentaires et des compétences très spécifiques. Autrement dit : clairement pas à la portée de tout le monde.
Le streaming toujours moins rentable pour les artistes
Ce changement de paradigme du côté d’Apple Music serait motivé par l’envie de faire valoir son avantage compétitif (peu de plateformes de streaming proposent du son spatialisé), mais s’insère dans un contexte économique compliqué pour les artistes. Ceux-ci sont de plus en plus dépendants à l’argent des streams, mais les plateformes toujours plus réticentes à la rémunérer correctement pour chaque écoute.
Récemment, Spotify a suscité une levée de bouclier en annonçant arrêter de rémunérer les titres qui n’atteignent pas au moins 1000 écoutes sur sa plateforme. Spotify qui, rappelons-le, est à la fois la plateforme de streaming musical la plus populaire au monde et celle qui rémunère le plus mal les artistes (à hauteur de 0,003$ par stream).
Bandcamp, plateforme de distribution de musique numérique jusqu’ici particulièrement protectrice des artistes (notamment grâce à un partage des revenus à leur avantage), est également face à un avenir incertain. L’entreprise a été revendue fin 2023 par Epic à Songtradr, qui n’a pas encore fait savoir ce qu’elle souhaitait faire de sa nouvelle acquisition. La moitié du personnel de Bandcamp a été licencié lors de la revente.