La scénariste Francesca Sloane adapte en série le cultissime film Mr & Mrs Smith, sans le duo « Brangelina ». Les trois premiers épisodes bousculent les codes utilisés il y a 20 ans, en se concentrant sur la romance naissante des deux agents. Mais le célèbre duo méritait-il (vraiment) une seconde vie ?
Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux en sont les parfaits exemples : lorsqu’une formule fonctionne, on la décline à l’infini, pour le plus grand bonheur des fans. Dix-neuf ans après le film, la série Mr & Mrs Smith arrive sur Prime Video le 2 février. En 2005, le film réunissait pour la première fois le célèbre duo Brad Pitt et Angelina Jolie dans un cocktail explosif.
Doug Liman s’était lui-même inspiré d’un duo d’espions incarnés par Scott Bakula et Maria Bello dans une série datant de 1996. Étirer 120 minutes sur huit épisodes, le tout près de 20 ans plus tard laisse perplexe : que pouvons-nous réellement apprendre de ces personnages ?
Mr & Mrs Smith semblait déjà contenir tous les ingrédients de l’entertainment à l’américaine : l’amour, la gloire, la beauté bien sûr, le luxe… et puis l’explosion. À bord de leur luxueusissime demeure, le couple Smith déguste chaque bouchée en silence. Tueurs à gages sur leur temps libre, ils vident leurs chargeurs entre deux soirées mondaines. Ignorant tout de leurs doubles identités, ils incarnent à la perfection le couple modèle, mais ennuyeux.
Jusqu’à ce qu’ils s’affrontent sur un terrain plus que miné. Le couple reçoit alors l’ordre de s’éliminer mutuellement. Alors qu’ils deviennent des proies, la chasse est ouverte à domicile. Ça canarde dans tous les sens. Pluie de balles, scènes de guerre, l’intégralité du service en porcelaine vole – ouïes sensibles, s’abstenir. Entre deux scènes de crime ou de ménage, la flamme des époux se ravive pour combattre l’ennemi commun. Glamour, armes, sang, tout y est : le film séduit le grand public.
Une idylle prévisible
Dix-neuf ans plus tard, Donald Glover et Francesca Sloane (tous deux issues de la série Atlanta) tentent le format en série. En ne conservant qu’une faible partie de cette recette hollywoodienne, les premiers épisodes redessinent les contours de Jane & John Smith. Les deux protagonistes se présentent devant une machine, qui dirige l’entretien d’embauche, comme deux âmes solitaires prêtes à vendre leur identité pour un job d’espionnage.
Ici, pas de mauvaise surprise : le mariage est leur couverture, les alliances sont fournies en même temps que leur contrat de travail. Le packaging sera complet : une belle maison en pierre new-yorkaise et des voyages all inclusive à l’autre bout du monde. Un job (presque) de rêve sur le papier.
Dès les premiers échanges, une romance entre les Smith est prévisible. John, incarné par le cocréateur Donald Glover, regard tendre et sourire éclatant, tente rapidement de séduire sa partenaire. Friand de mode et soucieux de son apparence, il détonne du classique, mais chic costume-cravate de Brad Pitt.
Maya Erskine, alias Jane, est quant à elle beaucoup plus sobre, une madame Tout-le-Monde au regard scintillant, armée d’un humour pince-sans-rire. Plans rapprochés, dialogues et silences complices, ces deux-là ne finiront pas seuls.
Deux agents ordinaires
L’ère de Brad et Angelina est bel et bien derrière eux. Le duo ressemble davantage à deux juniors en quête d’aventure qu’à des agents espions. Leurs imperfections conduisent à des scènes absurdes, comme celle où John vomit honteusement devant Jane après avoir porté un corps sans vie. La simplicité des dialogues, non étoffés, parfois crus, vise à les rendre plus humains.
Moins d’action, d’effets spéciaux et des missions d’espionnage floues : Francesca Sloane et Donald Glover semblent s’être volontairement concentrés sur la naissance d’une relation, sur l’ancrage des personnages en misant sur l’affect et le terrain psychologique.
Si d’un côté le long-métrage a marqué les esprits pour son spectacle explosif, où un couple est capable de passer d’un dîner 4 étoiles à une fusillade sans (trop) d’égratignure, de l’autre, la série nous raconte les personnages de façon plus réaliste. Un parti pris qui paraît assumé, nous plongeant davantage dans une série romance qu’un film d’action. Reste à savoir si l’intrigue se tiendra sur les prochains épisodes.