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Cent après sa naissance, Georges Brassens a toujours bonne réputation

22 octobre 2021
Par Félix Tardieu
Georges Brassens interviewé dans les coulisses du Théâtre du Capitole de Toulouse (2 décembre 1963)
Georges Brassens interviewé dans les coulisses du Théâtre du Capitole de Toulouse (2 décembre 1963) ©André Cros / Archives municipales de la ville de Toulouse

Le chanteur naissait à Sète il y a tout juste 100 ans et n’a pas « pris une ride ». A maints égards, ses chansons résonnent toujours avec notre temps.

La chanson française est à la fête aujourd’hui, alors qu’on célèbre le centenaire de la naissance de Georges Brassens, né à Sète le 22 octobre 1921 et mort en 1981 des suites d’un cancer. Quarante ans après sa disparition, ses chansons continuent de bercer les coeurs des Français, toutes générations confondues : Chanson pour l’Auvergnat, Les copains d’abord, La Mauvaise réputation, Brave Margot, Les amoureux des bancs publics, tant de chansons cultes dont on connaît les refrains, qu’on les ait appris à l’école étant enfant ou qu’on les ait entendu dans la bouche d’un grand-père. Nombreux seront les artistes à lui rendre hommage au fil des années, témoignant de l’influence que le chanteur a eu sur eux. Georges Moustaki a écrit Les amis de Georges (1974) en son honneur ; Renaud, Francis Cabrel, Yves Duteil ou encore Maxime Le Forestier ont repris certaines de ses chansons ; on traduira ses textes en italien, espagnol, anglais, allemand, créole, catalan… ; on donnera son nom à des rues, à des places, à des parcs, à des écoles.

Georges Brassens maniait comme personne la langue française et en a fait son arme. Décoré du Grand prix de poésie de l’Académie française en 1967 pour l’ensemble de son oeuvre, l’artiste est resté célèbre pour ses textes engagés, sans pour autant basculer dans le militantisme, qui ont parfois créé la polémique. Ses chansons évoquent ainsi des thématiques toujours d’actualité : l’union libre dans La non demande en mariage, l’antimilitarisme dans La mauvaise réputation, la dénonciation de la peine de mort dans Le Gorille

Certaines de ses chansons, grivoises seulement en surface, prônent implicitement l’indépendance des femmes et leur liberté sexuelle – ce que cet article d’Anne Cuxac (rédactrice en chef du site Causette.fr) entend démontrer. Malgré la censure, Brassens déploie dans ses chansons la philosophie individualiste et libertaire qu’il cultive dans sa jeunesse. Lecteur des théoriciens anarchistes (Bakounine, Proudhon, Kropotkine), il rejette les institutions qui oppressent l’individu et préfère au système les individus anonymes dont les petites actions aident réellement ceux dans le besoin – ce qu’il exprime par exemple dans Chanson pour l’Auvergnat (1954). Pourtant il ne prétend jamais détenir la vérité, et exprime son profond scepticisme à l’égard des idéaux dans une chanson telle que Mourir pour des idées (1972).

Un jour de Sète

Le 22 octobre 2021 se devait donc d’être un jour festif célébrant la richesse des chansons de Georges Brassens, avec de nombreux concerts-hommage prévus dans tout l’Hexagone. Dans les 14e et 15e arrondissements de la capitale, où Brassens a passé une grande partie de sa vie, de nombreux événements sont prévus, dont un grand bal gratuit et ouvert à tous donné ce soir-même sur le parvis de la mairie du 14e arrondissement. Mais le coeur des festivités est à Sète, ville natale de Brassens : le bateau Roquerols, ancien bateau-phare, a été spécialement aménagé pour accueillir les célébrations autour du centenaire (expositions, concerts, rencontres littéraires, spectacles, etc).

Jusqu’au 31 décembre, la ville accueille également au Musée Paul Valéry une exposition de Robert Combas – Robert Combas chante Sète et Georges Brassens – dont les « tableaux-chansons » colorés rendent un hommage vibrant au chanteur sétois. Enfin, les 22 & 23 octobre, François Morel et sa bande de joyeux lurons célébreront l’auteur-compositeur au Théâtre Molière avec le concert Brassens a 100 ans (diffusé en direct sur France Inter le 22 octobre). François Morel a d’ailleurs composé, en compagnie de Yolande Moreau, un album parlé/chanté de reprises de Brassens, sorti à l’occasion du centenaire.

Pouvait-on lui rendre plus bel hommage ?

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Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste