En Égypte, dans le cadre d’une exposition présentée ce jeudi 21 octobre, Ai-Da et sa sculpture sont restées en prison pendant dix jours. Elles ont été libérées mercredi.
Ai-Da, une artiste s’étant rendue en Égypte pour une exposition d’art contemporain, a failli ne pas pouvoir présenter son travail. La raison : elle est un robot. Soupçonnée d’espionnage, elle a été détenue par les douanes égyptiennes, car elle est équipée d’un modem – un appareil permettant d’envoyer et de recevoir de l’information – et de caméras. Aidan Meller, l’un de ses créateurs, leur a expliqué qu’il pouvait se débarrasser du modem, mais qu’il ne pouvait pas lui arracher les yeux. Après dix jours de détention, Ai-Da a été libérée le 20 octobre grâce à l’ambassadeur britannique au Caire, soit un jour avant l’exposition Forever Is Now, qui se déroule du 21 octobre au 7 novembre.
Créée en 2019 par une équipe de programmeurs, roboticiens, experts en art et psychologues, elle est capable de dessiner grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle (IA), son bras robotique et ses caméras. Elle a été conçue pour « mettre en évidence et avertir des abus du développement technologique », a déclaré Aidan Meller au Guardian. Il veut susciter un débat sur l’essor rapide de l’IA par le biais de l’art.
L’art comme reflet de l’intégration de la technologie dans la société
L’artiste robot, avec son travail, montre à quel point la technologie est intégrée dans notre société. La sculpture qu’elle présente ce 21 octobre est une version d’elle-même avec trois jambes. Il s’agit d’une interprétation de l’énigme du Sphinx : « Quel être a quatre jambes le matin, puis deux jambes le midi et trois jambes le soir ? » Réponse : l’humain (enfant, il marche à quatre pattes, adulte, il se tient debout et âgé, il s’appuie sur une canne). « Nous sommes en train de dire qu’avec l’arrivée de la nouvelle technologie Crispr et la façon dont nous pouvons manipuler les gènes aujourd’hui, l’extension de la vie est très probable. Les anciens Égyptiens faisaient la même chose avec la momification », a expliqué Aidan Meller. Pour lui, nous n’avons pas changé, car nous sommes encore animés par le désir de vivre pour toujours.
La technologie Crispr est un système d’édition génétique, avec lequel il est possible d’ajouter, supprimer ou remplacer une séquence ADN à un endroit précis. Applicable sur les humains, les plantes ou les animaux, il est notamment utilisé par les chercheurs pour essayer de retirer les gènes responsables de maladies.