Le propriétaire de X accuse l’Anti-Defamation League d’avoir fait fuir les annonceurs de la plateforme depuis son acquisition.
Une nouvelle association dans le viseur d’Elon Musk. Lundi, le milliardaire a menacé de porter plainte contre l’Anti-Defamation League (ADL), principale organisation américaine de lutte contre l’antisémitisme. La raison : il l’estime responsable de l’exode des annonceurs touchant X (ex-Twitter) depuis son rachat l’année dernière. « Pour blanchir le nom de notre plateforme d’accusations d’antisémitisme, il semble que nous n’ayons pas d’autre choix que de porter plainte en diffamation contre l’ADL », a-t-il déclaré sur X.
Cette menace survient quelques jours après un échange entre le directeur de l’association Jonathan Greenblatt et Linda Yaccarino, PDG de l’entreprise, nommée par Elon Musk en mai. Une discussion jugée « franche et constructive » par le directeur de l’ADL. « J’ai apprécié qu’elle me contacte et j’espère que le service va s’améliorer », a-t-il écrit sur le réseau social, ajoutant que l’organisation « est prête à accorder son crédit à [Linda Yaccarino] et Elon Musk si les choses s’améliorent, et se réserve le droit de les mettre en cause tant que ce n’est pas le cas ».
Une association prise pour cible
La publication de ce post a suscité la colère de plusieurs utilisateurs, notamment de figures de l’extrême droite. Jonathan Greenblatt l’a rapidement supprimé pour ensuite le republier en désactivant la possibilité pour les utilisateurs d’y répondre, comme le relève le site Mashable. Cela n’a pas suffi à empêcher les attaques à son encontre et contre l’ADL. Plusieurs personnalités notables de l’extrême droite, dont le militant suprémaciste Nick Fuentes, ont lancé le hashtag #bantheADL (« bannisez l’ADL »).
Elon Musk a lui-même aimé certaines de ces publications anti-ADL, likant et répondant notamment à plusieurs messages publiés par Keith Woods, youtubeur antisémite proche du militant suprémaciste Richard Spencer. Affirmant « être pour la liberté d’expression, mais contre l’antisémitisme sous toutes ses formes », le propriétaire de X a ensuite de nouveau accusé l’association de « tenter de tuer cette plateforme en l’accusant faussement, ainsi que [lui], d’être antisémites ».
« Nos revenus publicitaires aux États-Unis sont toujours en baisse de 60 %, principalement à cause de la pression exercée sur les annonceurs par l’ADL », a-t-il également écrit. Estimant depuis plusieurs années que les messages antisémites sont peu et mal modérés sur le réseau social, l’ADL a publié un nouveau rapport montrant que moins d’un tiers des posts signalés pour antisémitisme étaient modérés en début d’année. Les revenus publicitaires de X ont pourtant commencé à chuter bien avant sa publication. De nombreux annonceurs ont en effet fui la plateforme depuis son rachat par Elon Musk, notamment à cause des changements en termes de modération.
Ce n’est pas la première fois que le milliardaire menace de procès une association réputée. En août, X a porté plainte contre le Center for Countering Digital Hate, organisation luttant contre les discours haineux, l’accusant de « travailler activement pour empêcher la liberté d’expression ». Cela, deux mois après la publication d’une étude montrant que le réseau social laisse les abonnés à Twitter Blue déverser leur haine en toute impunité.