L’écrivain est de retour avec L’Enragé, nouveau roman revenant sur la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer.
« En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait être fermé ». C’est avec ces mots que Sorj Chalandon explique le point de départ de l’histoire de L’Enragé (Grasset) son nouveau roman, disponible ce 16 août dans les librairies, à l’occasion du lancement de la rentrée littéraire.
Si la fermeture de cette prison a autant marqué l’auteur, c’est que le bâtiment, après avoir enfermé des Communards, s’était transformé en colonie pénitentiaire pour mineurs dès 1880. Étaient détenus sur l’île les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. En 1934, 56 enfants ont tenté de s’échapper, avant de se faire capturer par les gendarmes, aidés par les habitants.
Pourtant cerné par la mer, un de ces mineurs a réussi à s’échapper, et c’est son histoire que Sorj Chalandon raconte dans L’Enragé. « Je me suis glissé dans sa peau et c’est son histoire que je raconte. Celle d’un enfant battu qui me ressemble. La métamorphose d’un fauve né sans amour, d’un enragé, obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues. » explique l’écrivain et journaliste.
L’enfance comme thème de prédilection
Depuis 2005, Sorj Chalandon étoffe une œuvre dense, saluée par la critique. Ancien militant d’extrême gauche, le journaliste participe à la création de Libération et remporte le prestigieux prix Albert-Londres en 1988, récompensant ainsi son travail sur le conflit en Irlande du Nord.
Après un prix Médicis en 2006 pour Une Promesse, l’auteur marque les esprits avec Le Quatrième Mur (2013), son sixième roman. Le roman évoque l’utopie d’un metteur en scène qui décide de monter Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth dans les années 1980, pendant la guerre du Liban. Sorj Chalandon a notamment écrit sur son enfance avec Profession du père (2015), récit autobiographique sur son père mythomane, mais aussi sur son bégaiement (Le Petit Bonzi en 2005).
Le dernier roman de Sorj Chalandon, Enfant de salaud (2021), revient quant à lui sur le procès de Klaus Barbie, que l’écrivain a couvert en tant que journaliste à Lyon en 1987.
L’Enragé de Sorj Chalandon, éd Grasset, 416p., parution le 16 août 2023 dans les librairies.