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Aux États-Unis, ce robot évalue les effets de la canicule sur le corps humain

27 juillet 2023
Par Kesso Diallo
Le robot fait ses premiers pas sur le campus de Tempe de l’ASU
Le robot fait ses premiers pas sur le campus de Tempe de l’ASU ©Christopher Goulet / ASU

Appelé Andi, ce mannequin thermique peut respirer, frissonner et transpirer. Des chercheurs l’utilisent pour mieux comprendre la réponse du corps humain à la chaleur extrême.

Le premier mannequin thermique utilisable à l’extérieur. C’est ainsi qu’est décrit Andi, un robot actuellement utilisé par des chercheurs de l’Université d’État de l’Arizona (ASU) pour évaluer les effets de la canicule sur le corps humain. Il est « un moyen très réaliste de mesurer (…) la réaction d’un être humain à des conditions climatiques extrêmes », a déclaré Konrad Rykaczewski, chercheur principal du projet de recherche de l’ASU, à l’AFP.

Cela, car Andi est capable de respirer, frissonner et transpirer. Il va permettre de mieux comprendre l’hyperthermie, qui se traduit par une élévation anormale de la température corporelle. Survenant en cas d’insolation ou de canicule, ce phénomène menace une part croissante de la population mondiale à cause du réchauffement climatique. Les chercheurs souhaitent aussi mieux comprendre le stress thermique sur le corps humain et ce qui rend le temps chaud si mortel.

Des canaux de refroidissement internes pour une utilisation à l’extérieur

Il existe actuellement 10 mannequins Andi dans le monde entier, qui sont principalement utilisés par des entreprises de vêtements sportifs pour tester ces derniers. Le robot de l’ASU est l’un des deux utilisés par des instituts de recherche mais aussi le premier mannequin thermique utilisable à l’extérieur grâce à des canaux de refroidissement internes. Ceux-ci font circuler de l’eau fraîche dans l’ensemble de son corps, lui permettant de rester suffisamment frais pour résister à une chaleur extrême tout en mesurant des variables complexes qui contribuent à notre perception de la chaleur (rayonnement solaire…).

Andi dispose aussi de pores pour laisser perler la sueur et de capteurs évaluant la chaleur se diffusant dans tout son corps. Le tout est géré sur 35 zones thermiques indépendantes, afin de pouvoir répartir sa transpiration.

Se préparer au climat de demain

À Phoenix, le mannequin est accompagné de MaRTy, robot thermique biométéorologique de l’ASU. Objectif : mieux comprendre les mécanismes de transpiration humains et identifier la manière dont des environnements spécifiques peuvent augmenter le risque de chaleur. « MaRTy peut nous dire comment l’environnement bâti modifie la quantité de chaleur qui frappe le corps, mais MaRTy ne sait pas ce qui se passe à l’intérieur du corps », a indiqué Ariane Middel, une professeure adjointe à l’ASU impliquée dans le projet, dans un communiqué« MaRTy mesure l’environnement, puis ANDI peut alors nous dire comment le corps peut réagir », a-t-elle ajouté.

Avec MaRTy, le robot fait ses premiers pas sur le campus de Tempe de l’ASU. Il sera ensuite testé dans des environnements vulnérables à la chaleur à Phoenix, comme les rues exposées. Subissant actuellement sa plus longue vague de chaleur jamais enregistrée, la capitale de l’Arizona est un laboratoire idéal pour se préparer au climat de demain. « Si l’avenir de Paris ressemble à Phoenix aujourd’hui, nous pouvons apprendre beaucoup de choses sur la façon dont nous concevons les bâtiments, a déclaré Konrad Rykaczewski. Comment les modifier ? Et comment changer ce que nous portons ? Comment modifier nos comportements et les adapter à des températures de cet ordre de grandeur ? ».

Andi présente également l’avantage d’être reprogrammable. Les chercheurs peuvent ainsi simuler les mécanismes de thermorégulation propres à chacun (jeunes, sportifs, personnes obèses…), en prenant en compte différents modèles d’IMC, caractéristiques d’âge et problèmes de santé. Une personne diabétique n’a par exemple pas la même régulation thermique qu’un individu en bonne santé.

Avec les données et informations collectées, les chercheurs espèrent pouvoir concevoir des vêtements rafraîchissants pour lutter contre la chaleur, repenser l’urbanisme des villes et protéger les plus vulnérables. « Nous essayons d’aborder cela d’un point de vue très holistique, mais il n’y aura pas de solution miracle pour quoi que ce soit », a précisé Konrad Rykaczewski.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste