L’association L’Enfant Bleu vient de lancer une campagne de prévention contre le sharenting, soit le partage de photos d’enfants par leurs parents sur les réseaux sociaux.
Les parents sont nombreux à publier des photos et vidéos de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Selon une étude de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique publiée en février, plus de la moitié des parents français se sont déjà livrés à cette pratique connue sous le nom de « sharenting » (contraction des mots anglais “sharing“ (partager) et “parenting“ (parentalité)).
Luttant contre la maltraitance des enfants, l’association L’Enfant Bleu vient de lancer une campagne de prévention contre cette pratique qui « n’est pas sans risques ». Citant une étude du National Center for Missing and Exploited Children, elle indique que 50% des photos publiées sur les forums pédopornographiques sont des clichés pris et partagés par les parents sur leurs réseaux sociaux. « Nous alertons les parents, nous leur demandons de faire attention à leurs photos mais aussi de sécuriser leurs réseaux. C’est ça la campagne que nous lançons aujourd’hui », a indiqué Isabelle Debré, présidente de l’association, sur franceinfo.
Relecture personnelle pour les parents
La campagne de l’association se présente sous la forme d’un livre intitulé « La Folle aventure du doudou d’Emma ». Destiné à être lu aux jeunes enfants par leurs parents, il raconte – comme son nom l’indique – l’histoire du doudou d’Emma, que sa maman ne peut s’empêcher de prendre en photo et de partager sur ses réseaux sociaux. Le cliché va alors rencontrer un grand succès, tombant entre les mains de fans de doudous.
Des milliers de personnes ont vu et se sont échangé ce cliché, ce qu’Emma et ses parents ne sauront jamais. À la fin du livre, l’association invite les parents à une relecture personnelle, leur demandant de remplacer la photo du doudou par celle de leur enfant. Pour les aider à éviter que les clichés de leurs enfants ne tombent entre de mauvaises mains, elle leur recommande de limiter la portée de leurs publications, leur fournissant « différentes méthodes pour contrôler l’accès à [leurs] publications et ainsi les rendre inaccessibles au plus grand nombre » sur les réseaux sociaux.
Le lancement intervient alors qu’une proposition de loi visant à mieux protéger les enfants et leur droit à l’image sur les réseaux sociaux a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale et le Sénat plus tôt cette année. Elle doit de nouveau être examinée en nouvelle lecture par le Parlement, à la suite de l’échec de la commission mixte paritaire début juin. Attendant de voir ce qui va en sortir, Isabelle Debré estime cependant qu’« il faut responsabiliser les parents et leur faire prendre conscience » du danger de leurs actes avant de les sanctionner.