Révélé dans l’émission de télé-crochet The Voice, Alex Montembault est l’un des visages de la comédie musicale à succès Starmania. Attendu sur la scène du Fnac Live Paris qui débute aujourd’hui, l’artiste s’est entretenu avec L’Éclaireur.
Alors que la nouvelle version de Starmania par Thomas Jolly est actuellement en pause, Alex Montembault est bien décidé à faire découvrir son univers à son nouveau public. L’interprète de Marie-Jeanne dans la comédie musicale créée par Michel Berger et Luc Plamondon donne actuellement une série de concerts intimistes avec une pop acoustique, minimaliste et pleine de fêlures. Sacré révélation masculine lors la cérémonie des Trophées de la comédie musicale, le 12 juin dernier, le chanteur sera en concert ce 30 juin aux Salons de l’Hôtel de Ville de Paris, à l’occasion du Fnac Live Festival.
Après la super-production Starmania, vous passez à des concerts plus intimistes, notamment au Fnac Live de Paris. Comment abordez-vous ce changement ?
J’avais commencé mon projet solo avant d’avoir le rôle pour Starmania, donc c’était important pour moi de dissocier complètement les deux projets. Ce qu’on a appris en un an est assez énorme, tant du point de vue professionnel qu’humain. Je n’avais jamais fait de tournée et n’avais jamais travaillé avec autant de personnes avant. J’ai aussi appris à gérer mon corps et ma voix pour pouvoir enchaîner les concerts ; à toujours donner le maximum même quand je ne suis pas à 100 %. Je pense que Starmania m’a surtout appris à travailler sérieusement, à trouver un rythme de travail efficace. Je pensais que j’allais avoir besoin de me reposer pendant cette pause, mais, au final, j’ai encore envie de travailler et d’avancer.
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Pour mes concerts, effectivement, on est assez loin du show de la comédie musicale en termes de spectacle ! Mon set de vendredi sera une performance acoustique d’une trentaine de minutes avec mes propres compositions interprétées au piano et à la guitare, dans une bulle que je souhaite intimiste. Même si j’ai bénéficié d’une formation classique quand j’étais plus jeune, je cherche à faire une musique simple et dépouillée, sans “froufrous”. Mes textes sont très inspirés par l’amour, bien sûr, mais aussi récemment par la mort, maintenant que j’arrive à mettre des mots dessus.
Le grand public vous connaît grâce au trio que vous formiez avec vos sœurs (Pottok on the sofa) dans The Voice, puis pour Starmania. La volonté de se lancer en solo a-t-elle toujours été présente ?
Oui, elle était enfouie depuis tout petit. Ça fait longtemps que j’écris mes propres chansons, mes arrangements, que j’écris mes premiers textes. Le moment charnière pour moi a été mon départ pour Paris, lorsque j’ai été contacté par Séverin, mon “papa” dans la musique. C’était un peu vertigineux de m’affranchir de mes sœurs et de me lancer en solo, mais j’ai été tout de suite très bien entouré.
J’aime la liberté que procure le fait d’être mon propre nom. Je ne suis pas vraiment du genre à me dire “allez, on se met au travail” ; l’inspiration vient toute seule, à des moments aléatoires. Je sais qu’avec la pause de Starmania, je vais avoir du temps pour travailler sur mes projets personnels, et pourquoi pas sortir un album dans les prochaines années.
Quels sont vos premiers souvenirs musicaux ?
Je suis né de parents comédiens et musiciens, donc j’ai toujours baigné dedans. Maintenant que j’y pense, je crois que je n’ai même pas eu à annoncer à mes parents que je me lançais dans le chant, tellement c’était naturel pour eux et pour moi. On allait les voir jouer au théâtre avec mes sœurs, ce qui nous a rapidement éveillés à la création artistique. À la maison, on écoutait beaucoup de jazz-rock, de rock progressif, les disques de Supertramp, de Toto, de Michel Berger… Tout a été très naturel quand je me suis orienté vers la musique, je me suis vraiment laissé porter.
J’ai commencé par le piano à 6 ans, puis la guitare à 12 ans, cette fois-ci en autodidacte. Maintenant, quand je me mets devant mon piano, j’intellectualise beaucoup ce que je joue grâce à ma formation classique. À la guitare, c’est beaucoup plus au feeling, j’ai même inventé mes propres accords. À la sortie du lycée, j’ai voulu m’orienter vers la réparation et l’accordage de piano, mais ça n’a pas été possible. J’ai ensuite rejoint une école de musique pour donner mes premiers concerts.
Quels sont les artistes qui ont compté dans votre développement musical ?
Je dirais beaucoup de groupes de rock progressifs, mais je suis aussi un fan inconditionnel de Véronique Sanson. Je pense connaître tous ses albums [rires]. J’aime l’innocence qu’elle dégage. Sa douceur cache une grande force, et une grande confiance en ce qu’elle chante. Pour moi, Besoin de personne (1972) est vraiment sa chanson la plus représentative, mais aussi Une odeur de neige (1969), une de ses premières chansons publiée sur une maquette avant Amoureuse (1972).
Quel a été votre dernier coup de cœur musical ?
En ce moment, je suis obsédé par le dernier album de Christine and the Queens, Paranoia, Angels, True Love (2023). Il a vraiment été un modèle pour moi, c’était un des premiers artistes que j’écoutais qui abordait les questions d’identité de genre. J’ai découvert son premier EP à 16 ans, à un âge où je me posais beaucoup de questions, sans forcément le savoir. Suivre son évolution pendant ma propre construction a été très bénéfique pour moi. J’avais l’impression d’avoir de véritables repères.
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Je suis aussi très curieux de la scène musicale parisienne, dont je fais désormais partie. Je suis toujours en phase d’apprentissage dans le milieu, donc j’essaie encore de comprendre comment fonctionne cette industrie. Sinon, je suis fan de Zaho de Sagazan et de son album La Symphonie des éclairs (2023). Elle a réussi à incorporer des sonorités assez rares dans la musique française pour construire une musique puissante qui me choque à chaque écoute.
Votre non-binarité est rarement mentionnée dans les articles à votre sujet. Est-ce que vous voyez ça comme une évolution encourageante de la société ?
Je me posais beaucoup la question avant d’accepter le rôle de Marie-Jeanne dans Starmania. Je redoutais un peu l’exposition que la comédie musicale allait m’apporter, j’avais peur d’être vulnérable. Au final, comme je m’accepte à 100 %, j’ai l’impression que les personnes en face le ressentent de la même manière. On peut espérer qu’un jour, on n’aura plus à s’expliquer sur ce qu’on est et que ces choses-là soient dans la normalité.
Alex Montembault sera à retrouver sur la scène du Fnac Live de Paris ce vendredi 30 juin dans les Salons de l’Hôtel de Ville.