À l’occasion de la Fête de la musique, découvrez six biopics connus ou méconnus sur les grandes figures de la musique.
1 8 Mile, de Curtis Hanson, 2002
En 2002, Eminem est une star. L’Américain publie son quatrième album The Eminem Show, mais joue aussi dans son premier film : 8 Mile. Le long-métrage de Curtis Hanson s’inspire en grande partie de la vie de l’artiste pour raconter l’histoire de B-Rabbit, jeune rappeur paumé vivant avec sa mère dans une caravane à Détroit. Talentueux, le jeune artiste tente à tout prix de s’imposer dans un milieu dominé par les Afro-Américains jusqu’au soir où, sous la pression, il perd sa voix dans une « battle ».
Loin des biopics flamboyants, 8 Mile est filmé avec un réalisme brut, dans les zones les plus pauvres de Detroit, la « Motor City ». S’il n’a depuis ce film pas vraiment retenté l’expérience, Eminem se révèle être un acteur touchant et crédible dans le rôle de son alter-ego B-Rabbit. Piste culte de la bande originale du film, Lose Yourself devient le premier morceau de rap à recevoir un Oscar, récompensant alors un biopic réaliste et inspirant.
2 Leto, de Kirill Serebrennikov, 2018
Méconnue en France, la scène musical russe des années 1980 comporte son lot de légendes et de héros. Pour son huitième film, Kirill Serebrennikov choisit de raconter l’histoire de Viktor Tsoi et de Mike Naumenko, membres et leaders des groupes Kino et Zoopark. En s’inspirant de l’autobiographie de Natasha Naumenko, femme au centre d’un triangle amoureux avec les deux musiciens, le Russe fait découvrir au monde une Russie où le rock était quasiment illégal.
Oscillant en permanence entre la comédie musicale, le drame et la fable, Leto rend un vibrant hommage à deux héros de la musique populaire russe. Kirill Serebrennikov filme avec douceur ces jeunes musiciens marginaux vivant une bohème innocente jusqu’à ce que la quête d’intégrité et de reconnaissance vienne perturber cet équilibre. Le réalisateur s’amuse à briser régulièrement la réalité en transformant ses scènes en numéro musicaux, où les passants reprennent en cœur les chansons d’Iggy Pop ou des Talking Heads. À découvrir.
3 Control, d’Anton Corbijn, 2007
Le 18 mai 1980, Ian Curtis décide de se donner la mort à l’âge de 23 ans. Avec Joy Division, le Britannique avait publié deux classiques intemporels : Unknown Pleasures (1979) et Closer (1980), disques cultes du mouvement post-punk. Photographe ayant par le passé travaillé avec les membres du groupe, Anton Corbijn réalise en 2007 Control, film sur la création et la fin de Joy Division. Dans un très beau noir et blanc, le réalisateur tente de déchiffrer le mystère Curtis, poète génial, dépressif et épileptique.
Sombre épopée rock dans la banlieue morne de Manchester, Control donne quelques clés pour comprendre Ian Curtis. Le film présente un écorché vif aux prestations scéniques démentes, parfaitement recréées par Anton Corbijn. Si l’histoire avance inexorablement vers sa fin tragique, on est fasciné par l’ambiance du film, mélancolique et désespérée, à l’image de la musique de Joy Division. Dans la scène finale, on aperçoit brièvement Gillian Gilbert, musicienne avec qui les survivants créeront New Order, un autre groupe culte.
4 Walk Hard de Jake Kasdan 2007
Ne vous étonnez pas de ne pas connaître le nom du grand Dewey Cox : le musicien n’a jamais existé. Dans Walk Hard, John C. Reilly prête ses traits au musicien, de son enfance tragique en Alabama aux sommets des charts américains. Parodie des biopics musicaux en vogue à l’époque comme Walk the Line (2005) et Ray (2004), la satire invente un personnage qui aurait traversé plus de 50 ans dans l’histoire de la musique, du blues à l’arrivée du rap.
Dans Walk Hard, Dewey Cox traverse sa vie de rockstar imaginaire en tournant en dérision tous ses clichés. Drogue, groupies, gloire et déclin, tout y passe dans cette comédie intelligente, parfaite pour les amoureux de musique. Dans les années 1960, il baragouine des textes incompréhensibles comme Dylan, essaie de créer un album fou comme Brian Wilson des Beach Boys… Un film drôle et méconnu en France.
5 Amadeus, de Milos Forman, 1984
Comment parler de biopic sans évoquer Amadeus ? Chef-d’œuvre intemporel de Milos Forman, le récit romancé du compositeur de La Flûte enchantée (1791) permet à son réalisateur de s’interroger sur la notion de génie, de travail, de jalousie et de compétitivité. Alors que MTV règne aux États-Unis, l’Américain réussit le tour de force de monter un film de trois heures sur la musique classique, porté par un acteur inconnu, Tom Hulce. Mais ce qui intéresse Milos Forman dans cette histoire, c’est aussi et surtout, la relation du compositeur avec Salieri, son supposé rival.
Nommé pour 53 prix et lauréats de 40, Amadeus fantasme la relation entre Mozart et Salieri, bien que la réalité soit éloignée de la fiction. Milos Forman filme alors avec grandeur et style cette épopée, traversées par de grandes scènes musicales. Pari risqué, mais parfaitement exécuté, Amadeus est un grand film, à voir et à revoir en boucle. Malgré le succès, on ne reverra jamais Tom Hulce dans un rôle à la hauteur de son talent.
6 Aline, de Valérie Lemercier, 2020
Projet étrange (un biopic de Céline Dion réalisé et incarné par Valérie Lemercier), Aline avait été une des grandes surprises de 2020. L’actrice romance librement la vie de la star, des débuts modestes dans la campagne québécoise aux plus grandes salles de Las Vegas, en passant par sa relation avec René Angélil. Avec une approche extravagante du genre du biopic, Valérie Lemercier ne choisit pas de raconter avec précision une histoire, mais de se concentrer sur ce qui la touche dans la vie de Céline Dion. En résulte alors un portrait touchant, à la limite de la fable.
Si Céline Dion a souvent été parodiée par le passé, Valérie Lemercier échappe toujours à la caricature, et cherche à nous faire comprendre ce qui l’émeut dans la vie de cette femme. Toujours drôle, souvent émouvant, Aline est une déclaration d’amour sincère, acclamée lors de sa présentation au Festival de Cannes en 2021.