L’influent Institut Montaigne a publié un rapport présentant un état de pénurie des candidats dans les métiers du numérique en France. L’Institut établit un certain nombre de propositions pour améliorer le paysage d’ici 2030.
Pour le think tank, il devient nécessaire pour la France de mettre l’accent sur la formation, la reconversion et la communication autour des métiers du numérique pour éviter un blocage des administrations et des entreprises d’ici l’année 2030. Pour y parvenir, le laboratoire d’idées partage 12 propositions.
Le numérique, un secteur qui attire encore trop peu
C’est d’ailleurs un des principaux problèmes de cette pénurie, qu’entend-on par « métiers du numérique » aujourd’hui ? La définition est encore floue et manque cruellement d’un cadrage précis selon l’Institut. Quoi qu’il en soit, définition ou pas, le secteur est en manque important de candidats. Un secteur pourtant en forte croissance puisque le nombre d’emplois disponibles, selon les informations de l’Institut, a grimpé de 6 % par an entre 2018 et 2021. En 2022, 945 000 emplois dans le secteur du numérique étaient disponibles mais 85 000 n’étaient pas pourvus, soit 10 % de l’offre. Un autre chiffre avancé montre que certains secteurs sont beaucoup plus en tension que d’autres. Par exemple, dans la cybersécurité, en 2021, seulement 25 % des emplois disponibles étaient pourvus.
L’Institut Montaigne estime que le secteur du numérique représentera 1 600 000 emplois en 2030 en France. Il est donc nécessaire de former un grand nombre de personnes pour occuper ces emplois, sous peine de blocage du fonctionnement des administrations et des entreprises, qui dépendent de plus en plus de ces secteurs pour fonctionner. Pour y parvenir, il faudrait former quelque 845 000 personnes en sept an. En 2022, seule 70 000 personnes ont rejoint les métiers du numérique soit après une formation initiale, soit après une reconversion.
Miser sur la formation
Pour l’Institut, l’offre de formation est encore insuffisante dans le pays. Des formations qui doivent en plus s’adapter aux nouvelles technologies et aux nouveaux métiers qui en découlent, comme dans le secteur de l’intelligence artificielle. L’entité préconise de suivre trois leviers. Un premier levier important et à mettre en place au plus tôt est de renforcer l’attractivité du secteur et de ses métiers. Des métiers souvent méconnus et peu présentés aux plus jeunes. En découlent donc des idées reçues, comme un monde trop masculin ou demandant des diplômes très élevés d’ingénieurs et de scientifiques. Résultat, peu de femmes se tournent vers le secteur et les élèves se tournent vers d’autres formations.
Un deuxième levier vise à dynamiser les reconversions et les formations. L’objectif est de passer de 30 000 personnes reconverties dans le numérique à 55 000 en 2023, et de présenter 75 000 étudiants formés à ces métiers en tant que candidats sur le marché du travail, contre 40 000 l’année dernière. Enfin, l’Institut Montaigne souhaite établir une définition plus précise des métiers du numérique et instaurer une instruction en lien dès le collège. Par exemple, faire évoluer les cours de technologie en un enseignement numérique.
Une liste de propositions
Pour parvenir à cet objectif d’attirer de nouveaux candidats, le think tank a établi une liste de 12 propositions concrètes à mettre en place par le gouvernement avant la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron. On retrouve dans cette liste la nécessité d’attirer plus de femmes (qui représenteraient moins de 20 % des employés du secteur), par exemple en mettant en avant des parcours de femmes connues dans le milieu (Ada Lovelace, Hedy Lamarr). L’idée d’une campagne de communication nationale pour faire connaître ces métiers est mise en avant par l’Institut. Autre point proposé, la construction d’un véritable parcours de formation au numérique d’ici 2026. Dans la même veine, il faudrait proposer l’enseignement de spécialité « Numérique et Sciences de l’Informatique » dans tous les lycées généraux dès 2025.
L’Institut Montaigne demande également de multiplier par cinq le nombre de classes P-TECH dans les lycées professionnels d’ici la fin du quinquennat. Dernier point à aborder, le think tank propose de mieux identifier les tensions présentes et à venir, et d’ajuster les formations en conséquence.