Récompensé au Sony World Photography Awards, un concours de photographie très réputé, l’artiste allemand Boris Eldagsen a refusé le prix.
Une photo en noir et blanc qui montre deux femmes en robe avec le regard détourné. Nommée « The Electrician », elle a gagné le prix « Création » au Sony Worlds Photography Awards 2023, un concours de photographie très réputé. Elle a pourtant été générée par l’intelligence artificielle (IA), comme l’a révélé Boris Eldagsen, artiste allemand à son origine. Immédiatement après sa victoire, il a annoncé sur son site qu’il refusait ce prix.
« Les images d’IA et la photographie ne devraient pas concourir ensemble dans un concours comme celui-ci. Ce sont des entités différentes. L’IA n’est pas de la photographie. Je n’accepterai donc pas ce prix », a-t-il expliqué sur son site internet, saluant tout de même un « moment historique ». Ayant été photographe pendant 30 ans avant de se tourner vers l’IA, il a participé à ce concours pour voir si ces compétitions étaient prêtes à ce que des images créées par cette technologie concourent. « Ils ne le sont pas. Nous, le monde de la photo, avons besoin d’une discussion ouverte. Une discussion sur ce que nous voulons considérer comme de la photographie et ce qui ne l’est pas (…) Avec mon refus du prix, j’espère accélérer ce débat », a indiqué l’artiste.
Une série de faux souvenirs créés par l’IA
Pour créer cette image, Boris Eldagsen a utilisé l’IA Dall-E 2 d’OpenAI, avec un processus qu’il a appelé « promptographie », comme l’a expliqué l’artiste à Business Insider. Elle fait partie d’une série baptisée « pseudonmnesia », un terme latin pour « faux souvenirs ». Les images sont « de faux souvenirs d’un passé, qui n’a jamais existé, que personne n’a photographié », qui « ont été imaginées par le langage et rééditées plus de 20 à 40 fois grâce à des générateurs d’images IA », indique l’artiste sur son site.
« Pour moi, travailler avec des générateurs d’images IA est une co-création, dont je suis le réalisateur. Il ne s’agit pas d’appuyer sur un bouton – et c’est fait. Il s’agit d’explorer la complexité de ce processus, en commençant par affiner les prompts de texte, puis en développant un flux de travail complexe et en mélangeant diverses plateformes et techniques », précise Boris Eldagsen sur son site.
