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Aux Pays-Bas, l’exposition de « La Jeune Fille à la perle » reproduite par l’IA au musée fait scandale

13 mars 2023
Par Kesso Diallo
Le musée expose des reproductions du célèbre tableau de Vermeer.
Le musée expose des reproductions du célèbre tableau de Vermeer. ©Mauritshuis Museum

Réalisée à l’aide de l’IA génératrice d’images Midjourney et de Photoshop, l’œuvre fait partie d’une exposition au musée Mauritshuis de la Haye dans le cadre d’un concours rassemblant des reproductions de fans du tableau de Vermeer.

Une nouvelle polémique liée à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde de l’art. Après la victoire d’une œuvre générée par cette technologie à un concours de dessin, c’est l’exposition au musée d’un célèbre tableau en version IA qui suscite la controverse. Le musée Mauritshuis de la Haye, aux Pays-Bas, expose actuellement les reproductions de La Jeune Fille à la perle de Vermeer dans le cadre d’un concours baptisé Ma fille à la perle.

©Capture d'écran / julian_ai_art

Alors que la célèbre œuvre se trouve temporairement au Rijksmuseum d’Amsterdam pour une rétrospective événement sur le peintre néerlandais, la pièce où elle figure habituellement est occupée par des versions réalisées par des fans. Sur les près de 3 500 reproductions soumises au total, la version en IA de La Jeune Fille à la perle fait partie des cinq sélectionnées et exposées dans le musée. Signée Julian van Dieken, créateur numérique basé à Berlin, elle a été réalisée avec l’IA génératrice d’images Midjourney et le logiciel Photoshop. « C’est surréaliste de la voir dans un musée », a-t-il écrit sur Instagram.

Un nouveau processus créatif

Les artistes et internautes sont, eux, loin d’apprécier l’exposition de cette reproduction. C’est « une honte et une insulte incroyable », a par exemple écrit Iris Compiet, artiste néerlandaise, sur la page Instagram de l’exposition du musée. « C’est une insulte à l’héritage de Vermeer et aussi à tout artiste en activité. Venant d’un musée, c’est une vraie gifle », a-t-elle également déclaré auprès de l’AFP, comparant la version en IA au monstre de Frankenstein. Comme de nombreux artistes, elle estime que les outils d’IA violent leur droit d’auteur, en se servant de leurs œuvres et de photos d’internautes comme base pour des images générées artificiellement.

Face aux attaques, Julian Van Dieken s’est justifié, affirmant ne pas avoir créé l’image pour un concours mais pour lui-même et son compte Instagram, et assurant avoir été transparent sur la manière dont elle a été créée lors de sa candidature. À travers celle-ci, il « réfléchit à la façon dont ces nouveaux outils d’IA pourraient changer les processus créatifs ».

Le musée s’est aussi justifié : « C’est controversé, donc les gens sont pour ou contre », a déclaré Boris de Munnick, attaché de presse du Mauritshuis. « Qu’est-ce qui est de l’art et qu’est-ce qui ne l’est pas ? », s’est demandé l’attaché de presse, indiquant que le musée n’avait pas délibérément cherché à ouvrir le débat. « Nous pensons que c’est une belle image, nous pensons que c’est un processus créatif », et « nous ne sommes pas le (genre de) musée pour discuter si l’IA a sa place dans un musée d’art », a également fait savoir Boris de Munnick.

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Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
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