D’après une nouvelle enquête, les chiffres d’écoutes musicales seraient truqués sur les plateformes de streaming. Plusieurs artistes n’hésiteraient pas à user de différents stratagèmes afin de gonfler leurs chiffres. Explications.
L’année 2022 vient de s’achever et qui dit nouvelle année, dit bilan de la précédente. Toutes les plateformes d’écoutes ont notamment communiqué leur palmarès à l’horizon 2023. Les rappeurs Jul et Ninho, mais aussi la chanteuse belge Angèle, figuraient parmi les artistes les plus écoutés sur les services de streaming musicaux, en France. Toutefois, selon un rapport relayé par France Inter, cette reconnaissance aurait un prix – celui de 7 euros plus précisément – un chiffre qui permettrait à n’importe quel artiste via sa maison de disques d’acheter 1000 streams.
Dénoncée dans un documentaire France 2, après avoir déjà été mis en lumière par un certain LaCraps dans une enquête StreetPress, il y a quatre ans, cette pratique des « fake streams » consisterait à gonfler les streams sur les plateformes d’écoutes en ligne et de truquer les statistiques.
Manigances au pays du streaming musical
Par ailleurs, certains artistes iraient même jusqu’à débourser 3000 euros pour le pack d’un millions de vues, sachant qu’il faut 15 millions de streams pour être disque d’or. Cette méthode difficilement identifiable, qui pointe encore une fois l’importance des chiffres et de la performance dans le secteur musical, représente un coup de boost non négligeable pour les artistes. D’après France Inter, cela équivaudrait à 10% des écoutes.
Cependant, il ne s’agit pas de la seule technique utilisée par les chanteurs et chanteuses pour contourner la loi du streaming. D’après le Youtubeur Adam Bros, il existerait deux autres stratagèmes afin de truquer les chiffres d’écoutes. La première consisterait pour les artistes à insérer plusieurs interludes dépassant 30 secondes dans leurs albums. « C’est le temps à partir duquel l’écoute en streaming est comptabilisée » explique Bros, « il suffit de caler deux ou trois interludes dans un album ça fait autant de streams en plus. Sans se fouler comme pour un morceau ! »
La deuxième méthode réside dans la réédition des albums. Généralement, un an après leur sortie initiale, les albums sont réédités dans une version augmentée, ce qui permet d’apporter une nouvelle vague de streams en lien avec l’album original et donc de faire grossir son chiffre total. Adam Bros souligne par ailleurs la portée des fans hardcore : « [Ils] représentent 5% du public, [ils] vont se précipiter sur ces rééditions collector vinyle. Et c’est comme ça qu’on gagne son disque d’or ! »
Si ces techniques sont connues du milieu marketing depuis quelques années maintenant, elles interrogent cependant à termes la légitimité des artistes, notamment ceux qui évoluent dans le rap et pour qui la crédibilité des chiffres compte. Un constat pointé par Adam Bros, mais aussi par Damso pour qui « ce n’est plus la rue qui fait l’authenticité, mais les écoutes pour de vrai »
