Suite au scandale ayant entouré le jeune acteur Sofiane Bennacer, l’Académie des César a décidé de modifier son règlement en conséquence.
Enfin, se diront probablement les défenseurs du respect des victimes d’actes de violence. Après l’immense scandale provoqué par la victoire de Roman Polanski en 2020 pour le film J’accuse (2019), l’Académie des César se plie à la pression morale entourant ces crimes. On se souvient que la récompense du réalisateur franco-polonais, accusé de longues dates de viols sur mineurs, avait provoqué la colère des associations. Cependant, ce n’est pas cette affaire qui a suscité ce changement au sein de l’Académie, mais une actualité plus récente, mettant en cause l’acteur Sofiane Bennacer. Sa nomination pour le César du meilleur espoir masculin a en effet été retirée en toute hâte, après des accusations de violences et de viols émises par trois anciennes compagnes de l’acteur.
Un changement attendu
Si la prestation du comédien dans le film Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi sera donc oubliée de la prochaine cérémonie, la Chambre des représentants de l’Académie ne s’arrête pas là. Dans un communiqué publié dans Le Film Français, mais également envoyé aux 4705 votants de l’édition 2023, elle précise les contours de cette nouvelle règle, de façon inflexible. « Par respect pour les victimes (même présumées en cas de mise en examen ou de condamnation non définitive), il a été décidé de ne pas mettre en lumière des personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence. » Le communiqué précise par ailleurs que les prises de paroles au nom des personnes accusées seraient sanctionnées de la même manière.
Fincher à l’honneur
On ne connait pas encore le nom de la ou du président(e) du jury de cette 48e édition des Césars, mais l’on sait déjà que le réalisateur américain David Fincher en sera l’invité d’honneur, après Cate Blanchett en 2022. Le metteur en scène de Seven (1995), Fight Club (1999), ou encore Zodiac (2007) devrait donc recevoir un César d’Honneur dans une atmosphère plus sereine et apaisée. Cette décision va dans le sens d’une société qui donne enfin la parole aux victimes et cesse de se cacher derrière la fameuse et problématique « séparation entre l’artiste et son œuvre ». Une remise en cause certes tardive, mais qu’on ne peut que saluer.