En marge de la présentation des résultats financiers de son groupe, Mark Zuckerberg a critiqué Apple qu’il considère comme « l’un de ses principaux concurrents ». La nouvelle politique de Cupertino en matière de suivi publicitaire inquiète Facebook, qui prépare sa contre-attaque.
Facebook a présenté des résultats supérieurs aux attentes au quatrième trimestre. Avec 2,8 milliards d’utilisateurs fin décembre 2020, le réseau social reste au sommet et l’écosystème Facebook est plus dominant que jamais. Le groupe indique que 3,3 milliards de personnes utilisent au moins une des applications dans le giron de l’entreprise américaine, à savoir Facebook, Messenger, Instagram ou WhatsApp. La firme de Mark Zuckerberg ne connaît pas la crise avec un chiffre d’affaires en progression de 22 %, à 70,7 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 18,5 milliards (+58 %) en 2020. Néanmoins, un nuage menace le ciel bleu de Facebook depuis plusieurs mois.
Le réseau s’inquiète des mesures prises par Apple en matière de suivi publicitaire et de protection de la vie privée. À l’occasion de la WWDC 2020, la société basée à Cupertino avait notamment évoqué l’App Tracking Transparency. Cet outil vise à donner le choix aux utilisateurs en exigeant des applications qu’elles demandent leur autorisation avant d’effectuer le traçage de leurs données. Impliqué dans la protection des données de ses nombreux utilisateurs (1 milliard d’iPhone actifs), Apple persiste et proposera son nouvel outil au printemps sur iOS, iPadOS et tvOS, au gram dam de Facebook. Mark Zuckerberg fustige la position d’Apple et les attaques fusent entre les deux sociétés depuis plusieurs mois.
En fin d’année, la firme de Menlo Park avait critiqué les pratiques du fabricant dans plusieurs journaux américains. « La nouvelle politique iOS 14 d’Apple aura un impact négatif sur de nombreuses petites entreprises qui luttent pour rester à flot et sur l’Internet libre sur lequel nous comptons tous plus que jamais », avait expliqué Dan Levy, vice-président en charge de la publicité et des produits de commerciaux de Facebook. Ce sujet est revenu sur la table lors de la présentation des résultats et c’est Mark Zuckerberg en personne qui s’en est pris à la marque à la pomme. « Apple peut dire qu’il fait cela pour aider les gens, mais ces changements servent clairement leurs intérêts. Nous et d’autres serons confrontés à cela dans un avenir prévisible », a expliqué le patron de Facebook.
Pour Mark Zuckerberg, Apple est « l’un de ses principaux concurrents » et Cupertino « a tout intérêt à utiliser sa position dominante sur la plate-forme pour interférer avec le fonctionnement de nos applications et d’autres applications, ce qu’elle fait régulièrement pour privilégier les siennes ». « Cela a un impact sur la croissance de millions d’entreprises à travers le monde, y compris avec les changements à venir de l’iOS 14 », explique-t-il. Selon le site The Information, le réseau social serait prêt à aller plus loin et à poursuivre Apple pour pratiques anticoncurrentielles. L’entreprise de Tim Cook, qui ne dispose pas d’un réseau social, est rarement citée comme une rivale de Facebook. Toutefois, les deux firmes s’affrontent sur le segment des messageries.
Alors que WhatsApp traverse une crise suite aux modifications de ses conditions d’utilisation, Mark Zuckerberg défend sa messagerie et tacle l’application de messagerie instantanée de son rival. « Nous avons beaucoup de concurrents qui font des déclarations souvent trompeuses sur la protection de la vie privée […] iMessage enregistre par défaut des sauvegardes non chiffrées de bout en bout par défaut, à moins que ne désactiviez iCloud. Ainsi, Apple et les gouvernements ont la possibilité d’accéder aux messages de la plupart des gens. Donc, quand il s’agit de ce qui importe le plus – à savoir la protection des messages des utilisateurs – je pense que WhatsApp est clairement supérieur ».
WhatsApp vs iMessage : l’autre combat de Facebook
Le PDG de Facebook s’attaque également à la place d’iMessage, proposé par défaut sur les différents appareils d’Apple. « iMessage est un élément clé de leur écosystème. Il est préinstallé sur chaque iPhone et profite d’API et d’autorisations privées, c’est pourquoi iMessage est le service de messagerie le plus utilisé aux États-Unis ». Des attaques répétées de la part d’un Mark Zuckerberg qui ne semble pas avoir apprécié l’exemple pris par Tim Cook pour présenter la future fonctionnalité d’iOS 14.
We believe users should have the choice over the data that is being collected about them and how it’s used. Facebook can continue to track users across apps and websites as before, App Tracking Transparency in iOS 14 will just require that they ask for your permission first. pic.twitter.com/UnnAONZ61I
— Tim Cook (@tim_cook) December 17, 2020
De son côté, le patron d’Apple a profité de la conférence Computers, Privacy & Data Protection (CPDP) pour faire passer un message clair. Sans citer Facebook, il a appelé à une prise de conscience et affirme : « Si une entreprise est bâtie sur le mensonge envers les utilisateurs, sur l’exploitation de données, sur des choix qui ne sont pas du tout des choix, alors elle ne mérite pas nos éloges. Elle mérite une réforme ».