Focus aujourd’hui sur Les Enfants Endormis, le livre d’Anthony Passeron, récompensé par le Prix Wepler-Fondation La Poste, dans lequel il raconte le combat de son oncle contre le sida.
Créé par la librairie parisienne, Les Abbesses, en 1998, le Prix Wepler-Fondation La Poste récompense les écrivains émergents. Cette année, pour sa 25e édition, c’est Anthony Passeron, véritable révélation de la rentrée littéraire, qui a reçu la fameuse distinction, alors que la saison des récompenses littéraires vient de se clôturer avec le Prix Interallié. Dans son récit intitulé Les Enfants Endormis, publié aux éditions Globe, il mêle l’histoire sociale de sa famille, celle de son oncle mort du sida dans les années 1980, et celle de la recherche médicale autour du virus.
La douleur personnelle et collective
Dans ce premier roman, le professeur de français mêle son histoire personnelle à la mémoire collective en racontant le parcours de Désiré, fils aîné d’une lignée de bouchers et premier bachelier de la famille. Parti se distraire à Amsterdam, il en est revenu transformé, sans que ses parents n’y comprennent rien. Après s’être beaucoup piqué, il a attrapé le sida. Une maladie qui aura raison de lui en 1987, alors que son neveu est à peine âgé de quatre ans.
Dans Les Enfants Endormis, titre qui renvoie à l’image de drogués jonchant les trottoirs, Anthony Passeron décrit la vie des toxicomanes devenus parias de la société, tout en retraçant en parallèle, la découverte du virus, et la recherche médicale. L’auteur place son lecteur au plus près des immunologistes, des infectiologues et des biologistes, impuissants face aux malades, accablés par la violence de leurs symptômes.
Un récit en alternance qui nous plonge dans la culpabilité d’un patient, d’une famille, mais aussi du corps médical. Entre histoire intime et combat collectif, Les Enfants Endormis est une façon pour son auteur de « raconter une histoire personnelle, dont [il savait] pertinemment qu’elle avait été collective. » C’est aussi une manière pour ses proches « de se défaire de la peine, de sortir de la solitude dans laquelle le chagrin et la honte les avaient plongés. »
À noter enfin que le Prix Wepler, du nom de la brasserie parisienne où il est remis, a également décerné sa « mention spéciale » à Lucie Rico pour son deuxième roman GPS (Ed. POL). Les deux lauréats ont respectivement reçu 10 000 euros et 3000 euros. Ils succèdent à Antoine Wauters et Laura Vazquez, les gagnants de l’édition passée.