Le gouvernement veut utiliser ces informations pour évaluer la solvabilité des emprunteurs potentiels, mais les sociétés du numérique ne sont pas prêtes à collaborer.
Pékin continue de serrer la vis aux géants de la tech. Après de nouvelles règles pour l’utilisation des algorithmes de recommandation ou la protection des mineurs sur Internet, la Chine veut obliger ces sociétés à partager les données personnelles de leurs utilisateurs avec deux entreprises d’évaluation de solvabilité soutenues par l’État. Selon le Financial Times, la banque centrale de la République populaire de Chine (PBOC) exige que Tencent, Alibaba, Baidu ou encore ByteDance partagent ces informations dès le mois de décembre.
Une loi loin d’être respectée
Alors que le président Xi Jinping cherche à développer une économie plus axée sur l’État en régulant les entreprises de la tech, ces dernières ne sont pas prêtes à se conformer à cette nouvelle loi. « Ni les plateformes, ni les banques n’ont envie de suivre un ordre qui nuit à leur activité », a déclaré un conseiller de la banque centrale auprès du quotidien britannique. Bien que la PBOC ait interdit aux plateformes de vendre les données de leurs utilisateurs aux banques l’année dernière, celles-ci ont continué car les créanciers ne voulaient pas payer les frais plus élevés facturés par Baihang et Pudao.
Une fois les informations des utilisateurs partagées, ces deux entreprises sont en effet censées fournir un flux de données aux banques contre des frais pour aider ces dernières à évaluer la solvabilité des emprunteurs potentiels. Actuellement, de nombreuses banques chinoises, notamment les petits prêteurs régionaux, se servent des données des utilisateurs, mais aussi d’outils d’analyse des sociétés du numérique afin d’identifier les emprunteurs solvables. D’après des documents publics, l’encours des prêts bancaires émis avec des plateformes en ligne a augmenté de 22% l’année dernière par rapport à 2020. En comparaison, ce chiffre n’est que de 12% pour la croissance globale des prêts.
Ce boom des prêts est une source de préoccupation pour le gouvernement qui craint que la monétisation des données des clients par les plateformes porte atteinte à la protection de la vie privée ou même la sécurité nationale. Selon le conseiller de la PBOC, les régulateurs se concentrent désormais davantage sur les risques de sécurité liés à l’extraction des données des consommateurs que sur ses potentiels avantages économiques.