Epic Games, Spotify et une dizaine d’autres entreprises ont décidé de former une coalition contre Apple. La « Coalition for App Fairness » veut convaincre le géant américain de modifier les règles de son App Store.
La guerre entre Epic et Apple pourrait prendre un nouveau tournant. Toujours privé d’App Store, l’éditeur de Fortnite cherchait depuis quelques semaines à former une coalition contre la firme de Cupertino. Avec la Coalition for App Fairness, le studio a peut-être trouvé la solution pour lutter plus efficacement contre le mastodonte Apple. Avec Spotify, Deezer ou encore Match Group (Tinder, Meetic, OkCupid…), cette coalition pour l’équité des applications conteste les pratiques commerciales d’Apple. « Chaque jour, Apple taxe ses clients et écrase l’innovation », peut-on lire sur le site web de cette alliance. L’union comprend aussi ProtonMail, Tile, Basecamp ou Blockchain.com, soit une dizaine d’entreprises.
L’union fait la force
Présentée comme une association à but non lucratif, « App Fairness » présente son objectif et tente d’attirer l’attention des médias. « Les plateformes en ligne les plus populaires au monde et les app stores qui en régissent l’accès sont devenus une passerelle essentielle pour les consommateurs de produits et services numériques du monde entier. Si elles peuvent être bénéfiques lorsqu’elles sont exploitées de manière équitable, elles peuvent également être utilisées par les propriétaires de plateformes pour nuire aux développeurs et aux consommateurs », explique l’alliance. Cette dernière insiste sur la nécessité de bénéficier d’un « traitement équitable de la part de ces app stores et des propriétaires de plateformes qui les exploitent » et dresse une liste de dix « droits » jugés fondamentaux.
Le Play Store de Google est également concerné par le combat de cette alliance, mais c’est bien la société dirigée par Tim Cook qui est la cible des critiques. « Apple utilise son contrôle du système d’exploitation iOS pour se favoriser en contrôlant les produits et les fonctionnalités qui sont à la disposition des consommateurs. Apple exige des fabricants d’équipements qu’ils limitent les options, oblige les développeurs à vendre par l’intermédiaire de son App Store, et va même jusqu’à voler les idées des concurrents », assure App Fairness. « Après près d’une décennie sans surveillance, sans réglementation et sans concurrence loyale, il est temps qu’Apple soit tenu responsable », ajoute-t-elle.
« Chaque jour, Apple taxe ses clients et écrase l’innovation »
La coalition fait référence à la commission de 30 % qu’Apple prélève sur les transactions in-app et les abonnements effectués via l’App Store (15 % au bout d’un an). Ce sujet constitue le principal point de discorde entre Apple et Epic, qui multiplie les initiatives depuis plusieurs mois. Au cœur de l’été, l’éditeur est allé encore plus loin en provoquant la marque à la pomme et Epic Games n’est pas le seul à avoir manifesté son mécontentement. Ces dernières années, Tinder ou Spotify ont critiqué les pratiques de Cupertino. Le géant suédois du streaming a même déposé une plainte contre Apple auprès de la Commission européenne.
Accusée d’abus de position dominante, la firme californienne s’est toujours défendue et doit désormais faire à une alliance qui compte plusieurs éditeurs de renom. Ces derniers invitent d’ailleurs d’autres entreprises à les rejoindre pour faire entendre leur voix. S’ils ne font pas partie des membres fondateurs, les géants Microsoft ou Facebook ont également contesté les méthodes d’Apple.
« Pour la plupart des achats effectués dans son App Store, Apple prélève 30 % du prix d’achat. Aucuns autres frais de transaction – dans aucun secteur – ne s’approchent de ce pourcentage », ajoute la coalition. Celle-ci s’en prend également à Steve Jobs, figure historique et fondateur d’Apple, décédé le 5 octobre 2011. « Le co-fondateur d’Apple, Steve Jobs, dans un courriel interne, a montré peu de sympathie pour les petits développeurs. Il l’a dit à d’autres dirigeants d’Apple : « En fin de compte, nous n’avions pas de politique et maintenant nous en avons une, et il y aura un certain nombre de morts sur la route à cause de cela. Je ne me sens pas coupable ».