Des experts en désinformation alertent sur le risque de fake news sur le réseau social à la suite du licenciement de la moitié du personnel de l’entreprise rachetée par Elon Musk.
Une grosse vague de licenciements qui inquiète. Une semaine après le rachat de Twitter par Elon Musk, environ 50% des employés de la société dans le monde ont été remerciés, soit près de 3 750. « Il n’y a malheureusement pas d’autre choix quand l’entreprise perd plus de 4 millions de dollars par jour. Tous ceux qui ont perdu leur emploi se sont vus proposer trois mois d’indemnités », a expliqué l’entrepreneur sur le réseau social ce samedi.
À la suite de ces licenciements, des experts en désinformation ont appelé à la « prudence » sur Twitter ce week-end, à quelques jours des élections de mi-mandat aux États-Unis. « Il va falloir être très prudent sur cette plateforme dans les jours qui viennent… Sur ce que vous retweetez, à quel compte vous vous abonnez et par rapport à votre propre perception de qui se passe », a par exemple déclaré Kate Starbird, chercheuse en désinformation de l’université de Washington. Elle craint que des personnes malveillantes usurpent l’identité d’autres ou encore qu’elles mènent des « campagnes coordonnées de désinformation ».
Des inquiétudes sur la modération des contenus
Les inquiétudes des experts sont justifiées. Parmi les employés licenciés figurent en effet des personnes chargées de modérer les contenus sur Twitter. Yoel Roth, responsable de la sûreté du réseau, a tenté de rassurer en affirmant que l’équipe « Confiance et sécurité » a seulement subi 15% de départs et que le personnel en première ligne était le moins concerné. Il a également assuré que « l’essentiel des capacités de modération sont restées en place » et que le volume quotidien d’actions de modération était resté « stable » cette semaine. « Nos efforts en faveur de l’intégrité des élections – y compris la lutte contre la désinformation visant à décourager le vote et contre les opérations d’influence étrangères – restent une priorité absolue », a en outre déclaré Yoel Roth.
L’équipe de curation, notamment chargée de mettre en valeur des informations faisant autorité, a, elle, été entièrement supprimée. Celle responsable des politiques publiques a aussi été affectée par cette vague massive de licenciements, avec la moitié qui a été virée. Cela inclut Michele Austin, directrice des règlements pour les États-Unis et le Canada, qui travaillait sur les élections de mi-mandat. Les craintes de désinformation concernant ces dernières ne risquent pas de rassurer les annonceurs, qui pour rappel, génèrent 90% des revenus de Twitter, et sont de plus en plus nombreux à suspendre leurs publicités sur le réseau social. Après le constructeur automobile General Motors, ce sont Volkswagen, Pfizer ou encore le géant américain de l’agro-industrie General Mills (Cheerios, Haägen-Dazs, etc.) qui ont pris cette décision. Des groupes de défense des droits civiques ont aussi appelé les 20 principaux annonceurs, tels que Apple, CBS ou Disney, à en faire de même.
Elon Musk, de son côté, a accusé, vendredi, ces militants d’avoir fait chuter les revenus de l’entreprise, en faisant « pression sur les annonceurs alors même que rien n’a changé avec la modération des contenus et que nous avons tout fait pour apaiser les militants ». Il a également affirmé que les discours de haine ont diminué sur le réseau social la semaine dernière, mais sans données pour le démontrer.