Du même nom que l’organisation internationale, il permet à ses membres de suivre des formations. L’objectif est aussi de lutter contre la criminalité, qui est déjà présente dans le métavers.
Interpol s’installe dans le métavers. Lors de sa 90ème Assemblée générale à New Delhi la semaine dernière, l’organisation internationale de police criminelle a présenté son monde virtuel « spécialement conçu pour les forces de l’ordre du monde entier ». Sobrement baptisé INTERPOL, il est déjà pleinement opérationnel et accessible grâce à des casques de réalité virtuelle. Au cours d’une session, des membres ont pu visiter une reproduction virtuelle des bureaux du siège de l’organisation à Lyon. Il leur permet de suivre des formations immersives en investigation médico-légale et autres capacités policières, de mettre en pratique leurs connaissances, mais aussi d’interagir avec d’autres agents, sans aucune restriction géographique.
Interpol estime que le métavers offre de nombreux avantages aux forces de l’ordre, que ce soit en termes de travail à distance ou encore de collecte et de conservation des preuves sur les scènes de crime. « Pour que la police comprenne le métavers, nous devons en faire l’expérience », a déclaré Madan Oberoi, directeur général de la technologie et de l’innovation d’Interpol.
Une future régulation du métavers
Pour l’agence, il s’agit aussi de lutter contre la criminalité. « Pour beaucoup, le métavers semble annoncer un avenir abstrait, mais les questions qu’il soulève sont celles qui ont toujours motivé INTERPOL – soutenir nos pays membres dans la lutte contre la criminalité, et rendre le monde, virtuel ou non, plus sûr pour ceux qui l’habitent », a expliqué Jürgen Stock, le Secrétaire général d’Interpol.
L’organisation s’inquiète du fait que la criminalité se soit petit à petit déplacée en ligne au fil des années, comme le montre son dernier rapport sur les tendances mondiales de la criminalité, publié le 19 octobre. Les acteurs malveillants ont d’ailleurs déjà commencé à exploiter le métavers. « Le Forum économique mondial (…) a averti que les escroqueries d’ingénierie sociale, l’extrémisme violent et la désinformation pourraient constituer des défis particuliers », indique Interpol. L’agence travaille actuellement avec le Forum économique mondial, Meta, Microsoft et d’autres acteurs de l’industrie pour réguler le métavers.
Il est en effet nécessaire de définir des réglementations avec les actes criminalisés dans le monde réel qui ne sont pas considérés comme des crimes lorsqu’ils sont commis dans ces mondes virtuels. Pour Interpol, cela est particulièrement problématique car la liste des crimes possibles va s’étendre au fur et à mesure que le nombre d’utilisateurs augmente et que la technologie se développe. D’après le cabinet Gartner, une personne sur quatre y passera au moins une heure par jour pour travailler, étudier, faire des achats et socialiser d’ici 2026. Parmi les crimes potentiels, l’agence mentionne ceux contre les enfants, le vol de données, la fraude financière ou encore le harcèlement et les agressions sexuelles. « En identifiant ces risques dès le départ, nous pouvons travailler avec les parties prenantes pour façonner les cadres de gouvernance nécessaires et couper les futurs marchés criminels avant qu’ils ne soient complètement formés », a assuré Madan Oberoi.