Natacha Calestrémé est aujourd’hui considérée comme l’une des ambassadrices du développement personnel en France. À travers une série d’ouvrages, l’écrivaine dresse des « protocoles », ainsi qu’une réflexion autour de la médecine alternative et la quête du bonheur. Des thématiques inspirantes, à l’image de son parcours. Rencontre.
Journaliste, réalisatrice, écrivaine, Il est difficile de résumer la carrière de Natacha Calestrémé. Celle qui a fait des animaux et de l’écologie ses sujets de prédilection est aussi passée par de prestigieuses chaînes d’information. Après une première expérience de remontage des documentaires Les chemins de l’impossible pour M6 international, elle réalise sa propre collection Les Héros de la Nature pour France Télévision et parcourt le monde.
Le réchauffement climatique, l’autisme, les perturbateurs endocriniens, le diabète… elle s’intéresse alors à la santé et alterne réalisation de documentaires, des articles pour des mensuels et l’écriture de thrillers psychologiques. Elle dirige pendant trois ans Les Enquêtes Extraordinaires dédiées aux questions de l’après-vie, au magnétisme, au chamanisme et au sixième sens. Cette exploration par le corps scientifique (médecins, psychiatres, chercheurs en neuroscience…) de phénomènes non expliqués, ouvre sa curiosité. Certains de ces rituels énergétiques – qu’elle va transformer en protocoles – lui permettront de relever la tête après de grosses épreuves. Elle compile le tout dans La Clé de votre Énergie (2020) et Trouver ma Place (2021) deux ouvrages de développement personnel qui rencontrent un énorme succès. Natacha Calestrémé revient pour nous sur son parcours passionnant.
Comment peut-on définir le développement personnel ?
Le développement personnel regroupe toutes les pratiques qui ont pour but de nous aider à mieux nous connaitre, à prendre conscience de nos pensées limitantes, de nos freins et blocages pour tenter de nous permettre d’améliorer notre état émotionnel et par conséquent notre qualité de vie sur le plan familial, professionnel ou même sociétal.
Comment vous êtes-vous rapproché de la notion de développement personnel ?
Ce rapprochement est dû à une succession d’événements douloureux. Au départ, ma vie est faite de bas et de hauts, comme tout le monde. Mais en 2011, les ennuis s’accumulent. Quatre ans d’épreuves en lien avec le chômage, les finances à zéro, le deuil, la famille et la santé. Et c’est parce que je ne peux plus avancer sans hurler de douleur, que je réalise combien je vais mal sur tous les plans. Nous sommes en 2015 et je sollicite un médecin qui me diagnostique une double hernie discale et me donne des médicaments. Je constate un mieux mais je souffre encore. Ça fait un an que je vois une psychothérapeute, sans résultats flagrants. Voilà pourquoi, en espérant relever la tête, je me tourne vers les médecines ancestrales et chamaniques découvertes lors de mes interviews.
« J’ai toujours considéré que si mes écrits, mes films et même mes conférences pouvaient aider ne serait-ce qu’une personne, alors ça en valait la peine. »
Natacha Calestrémé
Sans ces épreuves, jamais je ne me serais intéressée à ces pratiques. Il est intéressant de noter que c’est en essayant de résoudre mes problèmes de santé que je me suis également débarrassée d’un sentiment qui me pesait : l’absence de reconnaissance professionnelle. Par rapport à un deuil ou à un ennui de santé, ce point restait dérisoire. D’ailleurs je n’en parlais pas en estimant que c’était un caprice. Et puis je ne voyais pas qui solliciter pour améliorer la situation.
Est-ce une perte de confiance dans le corps médical qui vous a poussée à explorer ces méthodes de santé alternative ?
Non, j’ai toute confiance en la médecine conventionnelle. Ma démarche initiale a été de consulter un médecin et c’est toujours ce qu’il faut faire en premier lieu pour qu’il pose un diagnostic, pour éviter la prolifération des éléments pathogènes et nous aider à arrêter de souffrir. Il est impossible de travailler sur soi-même, sur le plan énergétique ou psychologique si on souffre énormément. Et c’est parce que j’avais encore mal que j’ai cherché d’autres solutions. Je me suis alors tournée vers une praticienne en EFT (Emotional Freedom Techniques), une technique qui a fait ses preuves auprès des vétérans américains, et qui régule certains problèmes émotionnels en stimulant des points d’acupuncture, tout en disant des phrases positives. Après plusieurs séances, j’ai pris conscience que mon émotionnel douloureux avait eu un sérieux impact sur ma santé. J’ai tenté d’aller plus loin en utilisant des rituels chamaniques et énergétiques que j’ai remis au goût du jour sous la forme de « protocoles » pour qu’ils soient compréhensibles par tous.
On sent une curiosité, une ouverture d’esprit de votre part, probablement dû à votre parcours journalistique.
Vous avez raison, la curiosité fait partie intégrante du métier de journaliste. Et, étymologiquement, curiosité vient de « cure » qui signifie soigner, guérir. Pour se soigner, il faut donc rester curieux. Et c’est probablement grâce à cette ouverture d’esprit dont vous parlez que je ne me suis pas enfermée dans des préjugés du type : les chamanes n’ont rien à nous apprendre, les guérisseurs sont des escrocs, les énergéticiens des charlatans. On a tous entendu parler de magnétiseurs enlevant les zonas ou les brûlures. Les scientifiques qui ont eu la curiosité de s’intéresser à ces phénomènes – qu’ils n’expliquent pas – admettent les limites de la science tout en précisant qu’un jour peut-être, on comprendra les processus à l’œuvre.
« J’y partage aussi dans ces livres les techniques qui m’ont fait du bien. »
Natacha Calestremé
C’est le mystère de la vie et j’aime assez l’idée que l’on ne puisse pas expliquer toutes les guérisons par des formules mathématiques.
Vous évoquez la notion de guérison. Justement, on vous doit une série de « polars guérisseurs ». Pourquoi vous êtes-vous tournée vers ce genre d’écriture ?
Dans ces polars je partage d’abord le fruit de mes recherches journalistiques : Le Testament des Abeilles évoque les dérives environnementales, Le Voile des Apparences, l’autisme, Les racines du sang le diabète et Les Blessures du Silence les mécanismes de harcèlement et d’emprise. Ensuite, il y a une enquête criminelle, du suspense et je me suis rapprochée de la Crim’ et du 36 Quai des Orfèvres pour me rapprocher de la réalité.
J’y partage aussi les techniques qui m’ont fait du bien et j’ai enrichi chaque histoire par deux protocoles. Le livre de Poche a adoré cette idée et a créé pour moi, le label de « polar guérisseur ».
Pourquoi ne pas être restée sur le mode du développement personnel qui a fait votre succès ?
Parce qu’il existe deux catégories de lecteurs. Ceux qui ont conscience que certaines choses peuvent être améliorées dans leur vie et qui se tournent vers les ouvrages de développement personnel. Et ceux pour qui le développement personnel est associé à de la pénibilité, à un retour sur un passé qui a fait mal et dont ils n’imaginent pas qu’ils peuvent se défaire. Dans ce cas, le roman permet au lecteur de s’identifier au héros, de comprendre certaines choses que ce dernier vit, que lui aussi vit, sans pour autant que ce soit lui. D’un coup, une porte s’ouvre vers un autre regard sur soi-même et c’est ainsi que les choses évoluent. Ces romans aident à prendre conscience de ce qui peut être amélioré, ils donnent des clés et j’espère, de l’espoir.
Qu’avez-vous préféré écrire, vos romans ou La Clé de votre Énergie et Trouver ma Place ?
J’adore créer des personnages, un plan dramaturgique, du suspense et des retournements de situation. Je n’ai pas l’impression de travailler. Écrire du développement personnel est pour moi plus difficile. Je dois beaucoup à mon éditrice qui a su me sortir de la littérature pour structurer mon propos.
Dans vos deux best-sellers, on découvre l’importance de la famille. En quoi joue-t-elle un rôle significatif ?
Si l’on considère que notre bien-être dépend de notre énergie, cette énergie est souvent malmenée par des épreuves qui se rejouent parfois tout au long de la vie sous la forme de blessures vécues initialement en famille : injustice, abandon, colère, trahison, humiliation, impuissance, peurs, rejet, culpabilité, tristesse. C’est le sujet de La clé de votre énergie.
Mais ces épreuves, par exemple des peurs que l’on n’explique pas ou une frustration d’être invisible, peuvent être en lien avec des « héritages émotionnels » familiaux. La psycho-généalogie est une approche qui a fait l’objet de 20 ans d’études au laboratoire de psychologie sociale et Clinique de l’Université de Nice par la psychologue et psychothérapeute de renommée internationale A. Ancelin Schützenberger. Nous avons tous constaté que certaines épreuves de nos aïeux (amour malheureux, échecs, manque de confiance, colère…) pèsent parfois sur notre vie. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit Trouver ma Place.
Quelle a été la réaction du corps médical face à vos propositions ?
J’ai partagé ces techniques dans des ateliers pendant trois ans. À ma grande surprise, le corps médical est venu se former. Il y a eu une ouverture, un accueil bienveillant de médecins, psychiatres, psychothérapeutes, qui m’ont parfois envoyé des patients. C’est leur enthousiasme qui m’a incité à écrire La Clé de votre Énergie.
Mais je comprends la réticence des plus cartésiens, raison pour laquelle dans mon prochain ouvrage, je donne la parole à des personnalités du corps médical afin qu’ils s’expriment sur ces sujets. Ces médecins ou chercheurs ont un bagage scientifique et ils répondent de manière très complète aux questions que tout le monde se pose en matière de médecine non conventionnelle.
Il y a donc une ouverture de plus en plus accrue du corps médical, mais aussi de la société en général vis-à-vis de la notion de développement personnel et des techniques médicales alternatives ? Comment expliquez-vous cela ?
Le confinement a joué un rôle important. Les gens ont été obligés de s’arrêter de courir et dès lors, ils ont découvert qu’ils souffraient. Ils étaient cloitrés chez eux et ne pouvaient consulter. Il restait les ouvrages de développement personnel et en particulier ceux qui permettaient d’être autonome et de pratiquer tranquillement chez soi. Cette situation nous a permis de devenir partie prenante dans notre envie d’aller mieux.
À travers votre parcours personnel et professionnel, vous avez abordé plusieurs thématiques très actuelles et pour lesquelles la société est de plus en plus attentive de nos jours : l’écologie, l’emprise, le harcèlement conjugal, l’énergie, la question de la place. Espérez-vous que votre travail change les choses ?
Je n’ai pas la prétention de dire que mes livres et conférences vont changer les choses sur cette planète. Mais je suis incapable de travailler sur un sujet si je n’ai pas la certitude que je vais partager ce qui m’a aidé. Je me lève chaque matin avec cette pensée. Si à travers mes écrits, mes films, mes romans ou conférences, j’ai permis à une seule personne d’aller mieux, alors ça en valait la peine et je me dois de continuer.