Le président Trump a décidé de prolonger le décret interdisant les échanges commerciaux entre les États-Unis et les entreprises de télécommunication chinoises. Huawei reste évidemment sa cible principale, alors qu’une nouvelle mesure vise aussi à compliquer la production des puces Kirin utilisées dans ses smartphones.
Pas de trêve dans la guerre commerciale qui oppose les États-Unis à la Chine, et surtout à Huawei. Même en cette période de crise sanitaire, doublée déjà d’une importante crise économique outre-Atlantique, l’administration Trump trouve encore le temps de débattre des tentatives d’espionnage – toujours supposées, en l’absence de preuves tangibles – de Pékin, et de nouvelles mesures ont été prises pour s’en protéger. Cette fois encore, Huawei est tout particulièrement visé.
Huawei interdit de traiter avec les États-Unis pour un an de plus
Reuters rapportait tout d’abord en milieu de semaine dernière que le président des États-Unis avait décidé de prolonger d’un an le décret promulgué en mai 2019 afin d’empêcher les sociétés américaines de faire affaire avec les fabricants d’équipements de télécommunication « présentant un risque pour la sécurité nationale ». C’est évidemment ce décret qui interdit à Google de proposer ses services sur les smartphones de Huawei, qui devrait donc continuer à développer ses HMS (Huawei Mobile Services) et son écosystème. Les opérateurs américains ont en outre interdiction de se fournir chez Huawei, mais aussi chez ZTE, pour déployer leurs réseaux mobiles, et notamment 5G.
Des aménagements avaient toutefois été prévus pour permettre, au travers d’une licence temporaire, aux plus petits de maintenir au moins les équipements déjà en place. Pour l’heure, la validité de cette licence ne semble pas avoir encore été prolongée, mais une enquête avait été lancée en mars afin d’estimer l’impact, économique notamment, que pourrait avoir son retrait, toujours selon Reuters.
HiSilicon et les puces Kirin aussi dans le viseur des États-Unis
Mais les États-Unis ne se sont pas arrêtés là, puisqu’une nouvelle mesure était annoncée quelques jours plus tard, en fin de semaine, par le Département du Commerce américain. Celle-ci interdit que soient vendus à Huawei tous processeurs fabriqués avec des technologies américaines, même en dehors des États-Unis. C’est donc plus particulièrement la branche semi-conducteur du groupe chinois, HiSilicon, qui risque d’en pâtir. Elle conçoit certes les puces Kirin, qui équipent notamment les smartphones Huawei et Honor, mais laisse à d’autres le soin de les produire. Et rares sont les fondeurs à n’utiliser aucune technologie américaine.
Le principal partenaire de HiSilicon, TSMC, n’en ferait en tout cas pas partie et se trouverait donc dans l’incapacité d’accepter ses futures commandes, à moins qu’une licence l’y autorisant ne lui soit accordée. Ce qui semble évidemment peu probable. Reuters rapportait d’ailleurs déjà, ce 18 mai, que le fondeur venait de décliner les nouvelles commandes de HiSilicon. Après les services de Google, Huawei semble donc sur le point de perdre un élément plus crucial encore pour ses smartphones. Rappelons d’ailleurs que c’est la deuxième fois que les États-Unis tentent de court-circuiter la production des puces Kirin, après avoir fait pression sur ARM qui fournit les architectures Cortex (CPU) et Mali (GPU) à HiSilicon.
Huawei pessimiste, malgré le soutien du gouvernement chinois
Le groupe chinois a par ailleurs profité de son sommet annuel d’analystes qui se tient cette semaine pour réagir aux nouvelles mesures américaines : « Nous nous attendons à ce que notre business soit affecté, c’est inévitable. Nous ferons tout ce qui est en autre possible pour trouver une solution, » a ainsi déclaré l’actuel président de Huawei, Guo Ping. Le gouvernement chinois a quant à lui dénoncé une « répression abusive » et, toujours selon Reuters, prévu un investissement de 2,2 milliards de dollars pour SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corp), un fondeur chinois toutefois très en retard sur TSMC, Samsung ou encore Intel, puisqu’il n’a pas dépassé la gravure en 14 nm. Les processeurs mobiles les plus perfectionnés à date sont pour rappel gravés en 7 nm, comme le Kirin 990 des P40.