En 2017, le « mouvement Me Too » prenait une ampleur mondiale, à la suite des révélations sur le célèbre producteur de cinéma Harvey Weinstein. Cinq ans après, deux textes reviennent sur les implications de cette déferlante.
1 Moi aussi. MeToo, au-delà du hashtag
Dirigé et préfacé par Rose Lamy (Préparez-vous pour la bagarre. Défaire le discours sexiste dans les médias, JC Lattes, 2021), ce livre aussi accessible que complet rassemble plusieurs contributions, et examine ainsi de nombreux aspects du mouvement MeToo.
L’autrice Camille Froidevaux-Metterie (La révolution du féminin, Gallimard, 2015, Seins. En quête d’une libération, Anammosa, 2020, Un corps à soi, Seuil, 2021) y rappelle par exemple que MeToo n’est qu’une « étape de la bataille de l’intime ».
La militante Elvire Duvelle-Charles (Féminisme et réseaux sociaux. Une histoire d’amour et de haine, Hors d’atteinte, 2022) s’intéresse aux difficultés pénales que rencontrent les victimes d’agressions sexuelles et de viols.
La journaliste et militante Rokhaya Diallo (Racisme : mode d’emploi, Larousse, 2011, Ne reste pas à ta place. Comment arriver là où personne ne vous attendait, Marabout, 2019) pointe, quant à elle, la nécessaire prise en compte de l’intersectionnalité dans les luttes féministes.
La chanteuse Angèle raconte, elle, la genèse de son célèbre titre Balance ton quoi.
Rose Lamy revient sur l’affaire qui a tout récemment défrayé la chronique – et déchainé la misogynie : le procès en diffamation contre Amber Heard.
L’étudiante et militante Louz s’intéresse à la question de l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes, et Lexie – la propriétaire du compte Instagram @Aggressively_Trans – complète la réflexion en s’arrêtant sur les dérives transphobes de certains mouvements féministes.
Enfin, Reine Prat (Exploser le plafond. Précis de féminisme à l’usage du monde de la culture, Rue de l’échiquier, 2021) s’interroge sur l’étonnante résistance des milieux culturels au mouvement MeToo.
2 Moi aussi. La nouvelle civilité sexuelle
Irène Thierry est sociologue. Elle est l’autrice, entre autres, de La distinction de sexe. Une nouvelle approche de l’égalité (Odile Jacob, 2007), Qu’est-ce que la distinction de sexe ? (Fabert, 2011) et Des humains comme les autres. Bioéthique, anonymat et genre (EHESS ed., 2010).
Dans ce texte en grande partie historique, l’autrice revient sur la généalogie du mouvement MeToo – et fait ainsi remonter sa réflexion jusqu’au XVIe siècle, où est alors inventé la notion de « rapt de séduction ».
Mais cet essai de sciences sociales est aussi entremêlé à un récit à la première personne. Car Irène Théry a personnellement participé au mouvement MeToo, en rendant publique l’agression sexuelle qu’elle a subie enfant.
Dire « je » n’était pas se complaire dans son histoire, c’était témoigner d’une condition partagée.
Irène ThéryMoi aussi
Ce témoignage lui permet de prolonger sa réflexion en évoquant la place du féminisme dans la recherche universitaire, mais aussi de raconter les implications de la prise de parole des femmes pour dénoncer des violences subies.
Contrairement à ce que laisse penser l’expression « libération de la parole », raconter est d’abord une épreuve pour la victime de violence sexuelle.
Irène ThéryMoi aussi