La rivalité entre Spotify et Apple Music prend une nouvelle tournure suite à la décision du groupe suédois de déposer plainte contre Apple auprès de la Commission européenne. Spotify accuse la firme de Cupertino d’abus de position dominante sur le marché de la musique en ligne.
Apple et Spotify se livrent depuis quelques années une guerre sans merci pour dominer le marché du streaming musical. La bataille de chiffres entre ces deux mastodontes pourrait désormais se jouer devant les autorités européennes de la concurrence. Le groupe suédois a annoncé dans un communiqué avoir déposé plainte contre Apple auprès de la Commission européenne. Spotify accuse la société de Tim Cook d’abus de position dominante sur le marché de la musique en ligne.
« Ces dernières années, Apple a introduit dans l’App Store des règles qui limitent intentionnellement le choix et étouffent l’innovation au détriment de l’expérience utilisateur, agissant à la fois en juge et partie pour désavantager délibérément les autres développeurs d’applications. Après avoir essayé en vain de résoudre les problèmes directement avec Apple, nous demandons maintenant à la CE [Commission européenne] de prendre des mesures pour assurer une concurrence loyale », explique Daniel Ek, fondateur et PDG de Spotify.
Lancé en 2008, soit un an après le lancement de l’iPhone, Spotify s’inquiète des ambitions grandissantes de son rival américain. Le géant suédois reproche à Apple le rôle majeur de l’App Store, comme l’explique Daniel Ek. « Apple exploite une plate-forme qui, pour plus d’un milliard de personnes dans le monde, est une passerelle vers Internet. Apple est à la fois propriétaire d’iOS et de l’App Store – et concurrent de services tels que Spotify. En théorie, c’est très bien. Mais dans le cas d’Apple, ils continuent à se donner un avantage injuste à chaque fois ».
Le PDG de Spotify fait notamment référence à la décision de Cupertino d’imposer une taxe de 30 % aux services de musique en ligne qui proposent leur abonnement via l’App Store. Dans le cas de Spotify, cette commission peut être prélevée lorsqu’un utilisateur passe de l’offre gratuite à un abonnement Premium. « Si nous payons cette taxe, cela nous obligerait à gonfler artificiellement le prix de notre abonnement Premium bien au-dessus du prix d’Apple Music. Et pour garder nos prix compétitifs pour nos clients, ce n’est pas quelque chose que nous pouvons faire ». Ce n’est pas le première fois que le leader du marché se plaint de cette situation. Dès 2015, Spotify avait critiqué les pratiques commerciales de son rival et la firme était revenue sur ce sujet durant l’été 2018. Le géant vert avait alors fait part de son intention d’échapper aux commissions du géant de Cupertino et il n’était pas le seul. En effet, Netflix avait lui aussi critiqué cette « taxe » Apple.
Plutôt que de continuer à facturer son service 12,99 euros par mois (contre 9,99 euros en passant par son site officiel), Spotify avait décidé de ne plus utiliser le système de paiement d’Apple. On peut depuis lire sur son site : « Jusqu’à tout récemment, il était possible de souscrire à Spotify Premium avec le système de paiement in-app d’Apple. Cependant, ce mode de paiement n’est plus disponible pour les nouveaux abonnés. En effet, comme Apple prélevait des frais supplémentaires en plus du tarif standard, nous avons décidé d’éliminer les intermédiaires, pour le bien de votre portefeuille ! ».
« Nous ne demandons pas de traitement de faveur », explique Spotify
Spotify souhaite désormais « bénéficier du même traitement » que de nombreuses autres applications présentent sur l’App Store. Daniel Ek prend l’exemple d’Uber ou Deliveroo, deux applications qui ne sont pas soumises à la taxe Apple et souhaite attirer l’attention sur trois points.
Le service de musique en ligne souhaite que les applications puissent se mesurer les unes aux autres « en fonction de leurs mérites et non en fonction du propriétaire de l’App Store », y compris Apple Music. Deuxièmement, Spotify souhaite que les consommateurs disposent d’un « véritable choix » concernant les systèmes de paiement et qu’ils ne soient pas « enfermés ou obligés d’utiliser des systèmes aux tarifs discriminatoires tels que celui d’Apple ». Daniel Ek pense également que les magasins d’applications ne devraient pas être autorisés à contrôler « les communications entre les services et les utilisateurs, notamment en imposant des restrictions injustes au marketing et aux promotions qui profitent aux consommateurs ».
Enfin, Spotify assure qu’Apple bloque régulièrement ses mises à jour conçues pour améliorer l’expérience d’utilisation. L’entreprise ajoute que cela a au fil du temps « entraîné » le blocage de Spotify et d’autres concurrents des services de la firme californienne tels que Siri, HomePod et Apple Watch. Leader du marché, Spotify compte aujourd’hui 96 millions d’abonnés payants, contre « plus de 50 millions » pour Apple Music.