D’après une enquête publiée par le New York Times, Facebook a permis à de nombreuses entreprises technologiques d’accéder aux données personnelles de ses utilisateurs. Le réseau social a notamment laissé Bing de Microsoft voir la liste complète de vos amis, tandis que Netflix et Spotify étaient autorisés à lire vos messages privés.
L’année 2018 de Facebook ressemble beaucoup à calendrier (géant) de l’avent avec chaque jour une nouvelle polémique. Quelques jours seulement après la découverte d’un « bug » qui a exposé les photos de 6,8 millions d’utilisateurs, le réseau social est de nouveau dans la tourmente après les révélations du New York Times. « Pendant des années, Facebook a donné à certaines des plus grandes entreprises technologiques du monde un accès plus intrusif aux données personnelles des utilisateurs qu’il ne l’a admis, ce qui a eu pour effet d’exempter ces partenaires commerciaux de ses règles de confidentialité », explique le quotidien new-yorkais dans un très long article. Ce dernier précise avoir pu consulter des centaines de pages de documents Facebook qui détaillent ces « arrangements spéciaux ».
On apprend par exemple que le réseau social aurait laissé le moteur de recherche Bing de Microsoft voir les noms de pratiquement tous les amis des utilisateurs de Facebook, sans leur consentement. L’enquête montre également que le roi des réseaux sociaux a donné à Netflix et Spotify la possibilité de lire les messages privés des utilisateurs. Suite à ces révélations, le géant de la SvOD a expliqué au site The Verge : « Au fil des années, nous avons essayé différentes façons de rendre Netflix plus social. Par exemple, nous avons lancé en 2014 une fonction qui permettait aux membres de recommander des émissions de télévision et des films à leurs amis Facebook via Messenger ou Netflix. Cette fonction n’a jamais été populaire, alors nous y avons mis un terme en 2015. À aucun moment, nous n’avons eu accès aux messages privés des personnes sur Facebook et nous n’avons pas demandé la possibilité de le faire ». D’autres grands noms figurent dans ces documents, le groupe de Jeff Bezos Amazon a pu mettre la main sur les noms des utilisateurs et leurs coordonnées par l’intermédiaire de leurs amis. Jusqu’à cet été, Yahoo pouvait de son côté consulter les flux de messages d’amis, alors même que Facebook avait publiquement annoncé qu’il avait mis fin à ce type de partage.
Facebook avait des accords avec plus de 150 entreprises
Selon le New York Times, Facebook avait des accords avec plus de 150 entreprises. Ces dernières, pour la plupart des entreprises technologiques, ont ainsi pu profiter d’accès privilégiés leur permettant d’accéder aux données de centaines de millions de personnes chaque mois entre 2010 et 2017. Le quotidien ajoute que certains accords étaient encore actifs cette année. Parmi les grands noms de la tech qu’il cite, on retrouve les 60 fabricants de smartphones avec qui Facebook a d’après lui partagé des données, mais aussi Apple. La firme de Cupertino avait ainsi accès aux contacts et à l’agenda des utilisateurs de Facebook, même si ces derniers avaient désactivé le partage. Les responsables d’Apple ont très vite réagi à ces révélations en déclarant qu’ils ne savaient pas que Facebook avait accordé à ses appareils un « accès spécial ». La Pomme ajoute que toutes les données partagées restaient sur les appareils et n’étaient pas accessibles aux autres utilisateurs.
Pourquoi Facebook a-t-il passé ces accords ?
Les accords passés entre Facebook et les sociétés devaient profiter à tout le monde. En pleine croissance, le réseau social a gagné plus d’utilisateurs et a ainsi pu faire croître ses revenus publicitaires. Les entreprises partenaires ont de leur côté incité leurs utilisateurs à s’inscrire sur Facebook et en ont surtout profité pour améliorer leur ciblage publicitaire. Un deal gagnant-gagnant donc, alors que le réseau social compte aujourd’hui 2,2 milliards d’utilisateurs. Mais la firme de Mark Zuckerberg est aujourd’hui rattrapée par ces affaires.
Cette année, l’empire Facebook a dû faire face à une série de scandales en matière de protection de la vie privée, avec en point de départ le scandale Cambridge Analytica. Tout au long de l’année, le réseau social a aussi été critiqué pour sa gestion des fake news et une « grande commission internationale » comprenant le Sénat français souhaite aujourd’hui entendre le patron de Facebook. Empêtré dans des scandales à répétition, le réseau social peut néanmoins compter sur une communication rodée. Dans un communiqué, Facebook assure qu’« aucun de ces partenariats ou fonctionnalités n’a donné à ces entreprises accès à des informations sans la permission des utilisateurs ni enfreint notre accord de 2012 avec la FTC (Federal Trade Commission, autorité américaine de la concurrence) ». Konstantinos Papamiltiadis, directeur des plates-formes et programmes de développement de Facebook, revient plus en détail sur le fonctionnement des accès proposés aux grandes entreprises et assure que « la plupart des fonctions ont disparu ».