La technologie de reconnaissance faciale de l’entreprise a été utilisée pour innocenter un homme accusé d’homicide au volant, en permettant de retrouver la seule personne pouvant corroborer sa version des faits.
Si la société de reconnaissance faciale Clearview AI est régulièrement critiquée pour sa technologie, notamment pour la collecte d’images sur le Web sans le consentement des personnes concernées, son utilisation peut parfois être bénéfique. Aux États-Unis, elle a permis à un homme accusé d’homicide au volant de ne pas finir en prison, comme le révèle le New York Times.
L’affaire remonte à mars 2017, lorsqu’Andrew Grantt Conlyn était assis sur le siège passager d’une voiture conduite par un ami en état d’ébriété, à une vitesse d’environ 160 kilomètres par heure. Il a fini par heurter un trottoir et perdre le contrôle du véhicule. Tandis que l’ami en question est décédé après avoir été éjecté de la voiture, Andrew Grantt Conlyn s’est, lui, évanoui et a été sauvé par un individu qui l’a sorti du véhicule en feu. Le problème, c’est qu’il ne connaissait pas l’identité de ce sauveur, tout comme les policiers qui l’ont interrogé et ont enregistré la conversation sur leurs caméras corporelles. Alors accusé d’être au volant, il aurait pu être condamné à 15 ans de prison.
Une utilisation bénéfique de la reconnaissance faciale
Bien qu’Andrew Grantt Conlyn ait nié être le conducteur de la voiture, sa version des faits était difficile à corroborer sans l’homme qui l’a sauvé. Pour le retrouver, ses avocats ont sollicité l’aide du public, en fournissant une image de l’homme issue des caméras corporelles aux organes de presse locaux et en la publiant sur les réseaux sociaux. Ayant entendu parler de la reconnaissance faciale à la fin de l’année dernière, l’un d’entre eux a souhaité utiliser cette technologie pour retrouver le sauveur. Il a d’abord utilisé le site PimEyes, mais n’a pas obtenu de bons résultats à cause de la capture d’écran sombre provenant des caméras des policiers.
Il s’est alors tourné vers Clearview AI, dont la base de données comprend 20 milliards de visages. Son PDG, Hoan Ton-That, ayant accepté qu’il utilise l’outil de l’entreprise, il est parvenu à retrouver l’homme ayant sauvé son client : « En deux secondes, j’ai trouvé une photo de lui dans un club de Tampa », a-t-il déclaré auprès du New York Times. Le site Web sur lequel figurait la photo ne donnait pas son nom, mais il incluait celui d’un homme étant avec lui au club ce soir-là. L’avocat l’a contacté sur Facebook et a ainsi pu obtenir le nom du sauveur : Vince Ramirez.
Cette affaire a inspiré le PDG de Clearview AI, qui a commencé à proposer l’outil de la société aux avocats commis d’office. La société leur offre désormais des essais gratuits de 30 jours, comme elle le fait avec les forces de l’ordre. « Les gens penseraient à la technologie très différemment si les défenseurs publics y avaient également accès », a déclaré Hoan Ton-That. C’est ainsi un moyen pour l’entreprise de se faire bien voir face aux critiques liées à la manière dont elle a construit sa base de données.