Selon The Guardian, les migrants reconnus coupables de crime seront tenus de scanner leur visage jusqu’à cinq fois par jour.
Un moyen innovant et risqué de surveiller les délinquants. Au Royaume-Uni, le Bureau de l’Intérieur et le ministère de la Justice vont obliger les migrants reconnus coupables d’infraction pénale à utiliser des montres connectées équipées de technologies de reconnaissance faciale, révèle The Guardian. Les projets des deux départements incluraient qu’ils scannent leur visage jusqu’à cinq fois par jour à l’aide de ces appareils.
Selon des documents consultés par le quotidien britannique, les personnes soumises à ces conditions devront effectuer des contrôles de surveillance tout au long de la journée en prenant une photo d’elles-mêmes et faire suivre leurs emplacements 24 heures sur 24. Ces photos seraient comparées aux images faciales biométriques dont dispose le Bureau de l’Intérieur. Dans le cas où les systèmes du gouvernement ne peuvent pas vérifier l’identité de la personne, une vérification manuelle serait alors nécessaire. De plus, les photos et d’autres informations comme le nom, la date de naissance et la nationalité, seraient conservées jusqu’à six ans.
Un outil de surveillance inquiétant
Les personnes obligées de porter ces montres connectées seraient par ailleurs soumises à des conditions similaires aux individus disposant de bracelets de surveillance électronique à la cheville. Les documents consultés par The Guardian incluent en effet des références aux couvre-feux ainsi qu’aux zones d’inclusion et d’exclusion.
En mai le gouvernement a attribué un contrat à Buddi Limited, une société de technologie britannique, afin de fournir des appareils pour surveiller des « cohortes spécifiques » dans le cadre du service de suivi par satellite du Bureau de l’Intérieur. Ce programme devrait être introduit dès cet automne dans l’ensemble du pays. Néanmoins, le nombre d’appareils à produire ainsi que le coût de chaque montre connectée ont été expurgés dans le contrat. D’un autre côté, un porte-parole du département a plus déclaré qu’un « dispositif portable à accès biométrique » serait bientôt introduit dans le but de compléter le dispositif existant, soit le bracelet de cheville.
Les plans du Bureau de l’Intérieur et du ministère de la Justice suscitent déjà des inquiétudes par rapport à la reconnaissance faciale, une technologie réputée pour ses risques de biais et de discrimination. « Ces “innovations” en matière de maintien de l’ordre et de surveillance sont souvent portées par des entreprises privées, qui profitent de la course des gouvernements vers une surveillance et un contrôle total des populations », a ainsi déclaré Lucie Audibert, avocate et responsable juridique de l’ONG Privacy International, auprès du quotidien britannique. « Grâce à leurs technologies et algorithmes opaques, ils facilitent la discrimination gouvernementale et les violations des droits humains sans aucune responsabilité », a-t-elle ajouté, affirmant qu’aucun autre pays européen n’a déployé « cette technologie déshumanisante et invasive contre les migrants ».