En plus d’avoir analysé les systèmes existants, le gendarme français des données personnelles livre ses recommandations pour développer de nouvelles solutions.
En France, plusieurs sites pornographiques ont fait l’objet de demandes de blocage car ils n’empêchent pas l’exposition des mineurs à leurs contenus. Le contrôle de l’âge est considéré comme une solution à ce problème et pour la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), la mise en place d’un système de vérification de l’âge est nécessaire afin que ces sites restent réservés aux personnes majeures.
Cependant, l’autorité française considère que les dispositifs existants « ne sont jamais parfaitement efficaces » et que « des contournements sont possibles ». Ils sont également susceptibles de présenter des risques pour la vie privée. « La CNIL rappelle qu’à défaut de pouvoir viser une efficacité absolue, il convient de choisir des dispositifs pertinents et sécurisés pour atteindre le meilleur résultat possible », affirme le gendarme des données personnelles dans son communiqué.
Entre efficacité du contrôle de l’âge et protection de la vie privée
La Cnil estime que le contrôle de l’âge est compatible avec le règlement général sur la protection des données (RGPD) s’il présente des garanties suffisantes pour minimiser les atteintes à la vie privée et éviter qu’il permette aux éditeurs de récupérer des données supplémentaires sur les internautes. Il est aussi nécessaire de protéger ces informations des usages malveillants (violation de données biométriques, hameçonnage…) par un tiers.
L’autorité rappelle que la carte bancaire est une solution utilisable pour vérifier l’âge des internautes. « La vérification par carte bancaire n’en demeure pas moins efficace dans la plupart des cas pour protéger les plus jeunes et s’appuie sur une technologie éprouvée, qui peut aussi être utilisée pour contrôler l’accès à des sites gratuits », assure la Cnil, même si des mineurs en ont ou peuvent s’en procurer une. Autre solution : l’analyse faciale des traits du visage par un système automatique accédant à la webcam de l’ordinateur, sans reconnaissance faciale biométrique. Si elle peut être efficace pour bloquer l’accès aux mineurs, elle peut cependant commettre des erreurs pour les personnes proches de la majorité.
Pour améliorer l’efficacité du contrôle de l’âge tout en préservant la vie privée des internautes, la Cnil indique que la solution doit être opérée par un « tiers de confiance » et non par les sites pornographiques. Elle préconise qu’une administration ou une entreprise connaissant l’internaute et capable de certifier son âge fournisse une preuve fiable à ce tiers de confiance. Celle-ci serait ensuite transmise par le site de confiance ou par l’internaute concerné au site pour lequel il demande l’accès. Ce système serait un moyen d’apporter une triple protection de la vie privée, avec, entre autres, le fournisseur de la preuve d’âge qui connaîtrait l’identité de l’utilisateurs, mais pas le site consulté, et le service soumis à la vérification de l’âge qui serait en mesure de savoir que l’internaute est majeur sans connaître son identité.