Icône des nuits parisiennes des années 1960 et 1970 revenue sur le devant de la scène au début des années 2000, Dani est décédée ce mardi 19 juillet. Elle venait d’achever la tournée de son dernier album, Horizons Dorés.
Chanteuse, actrice, mannequin, meneuse de revue dans le Paris des années 1970, fleuriste… Dani déclinait les talents. L’artiste a succombé « des suites d’un malaise » à l’âge de 77 ans, a indiqué son manager, Lambert Boudier, ce mardi 19 juillet à l’Agence France-Presse (AFP). Elle venait d’achever la tournée de son dernier opus Horizons Dorés, de même que la préparation d’un ultime album. Titre annonciateur, celui-ci devait s’intituler Attention départ. « Rien n’était plus important pour elle que créer, chanter, être entourée de ceux qu’elle aime », se souvient son entourage professionnel dans une publication Facebook. « Si Dani a inspiré tant d’artistes – photographes, cinéastes, paroliers, compositeurs, metteurs en scène –, c’est qu’elle était un souffle de vie puissant, une nature entière, débordante d’amour et d’énergie. »
Une carrière prolifique
Née en 1944 d’un père cordonnier et d’une mère vendeuse de chaussures, c’est à l’âge de 19 ans que Danièle Graule, de son vrai nom, quitte son Perpignan natal pour tenter sa chance à la capitale. Nous sommes alors aux prémices des années 1960, et la jeune femme étudie à l’École des Beaux-Arts. Mannequin et photographe pour Jours de France à ses heures perdues, elle s’immisce dans les soirées parisiennes, dont elle devient rapidement l’une des reines au cours des années 1970. Là-bas, elle fréquente Zouzou, Jacques Séguéla, Jimi Hendrix ou encore Benjamin Auger, qu’elle épousera par la suite. Dans la foulée, elle prend la tête de L’Aventure, un night-club branché qui se targue d’être une version française du légendaire Studio 54 new-yorkais.
En parallèle, Dani s’essaye au cinéma et entame une carrière prolifique aux côtés de grands noms du domaine. François Truffaut voit notamment en elle l’actrice idéale pour incarner le personnage de Liliane dans La Nuit américaine, qui remportera d’ailleurs l’Oscar du meilleur film étranger en 1974. Pour n’en citer que quelques-uns, elle apparaît également dans La Ronde de Roger Vadim, Une Affaire de femmes de Claude Chabrol, Fauteuil d’orchestre de Danièle Thompson – qui lui vaudra une nomination pour le César de la meilleure actrice dans un second rôle –, ou plus récemment Mon Roi de Maïwenn ou encore Bronx d’Olivier Marchal, sorti en 2020, et toujours disponible sur Netflix.
Un parcours atypique
Sa carrière musicale ne sera pas de tout repos. Elle commence en 1966 avec la sortie de Garçon manqué, son premier vinyle. Ce n’est que deux ans plus tard qu’elle rencontre le succès avec le titre « Papa vient d’épouser la bonne ». En 1974, Dani est sélectionnée pour représenter la France à l’Eurovision, mais sa participation est suspendue suite au décès du président Georges Pompidou. Après une belle carrière, elle se retire quelque temps dans sa résidence du Vaucluse, avant de revenir une première fois, en 1987, avec Drogue la galère. Dans cet opus intime, elle raconte une descente aux enfers qui fera d’elle un paria des maisons de disques. En 2001, elle amorce un second retour en interprétant Comme un Boomerang en duo avec Étienne Daho. Le titre, que Serge Gainsbourg avait écrit pour elle, avait été refusé à l’Eurovision et avait fini par sombrer dans l’oubli.
Après ce passage à vide, Dani était parvenu à retrouver un statut d’icône qu’elle n’appréciait guère, désapprouvant cet aspect figé qui ne lui ressemblait pas. Tour à tour mannequin, photographe, chanteuse, actrice, meneuse de revue et fleuriste… Au contraire, elle confiait à l’AFP, en 2020, préférer évoquer « un parcours atypique », en mouvement, à l’image des diverses professions qu’elle a exercées tout au long de sa carrière. « Est-ce qu’on m’a choisie ou est-ce que c’est moi qui ai choisi ? Va savoir ! », s’interrogeait-elle ainsi avec humour dans son autobiographie La Nuit ne dure pas, publiée en 2016.