Arrêté à la semaine dernière alors qu’il se rendait au parquet de Téhéran afin de prendre la défense du cinéaste Mohammad Rasoulof, lui aussi incarcéré, Jafar Panahi a été conduit en prison où il doit purger une peine de six ans, conformément à un verdict prononcé en 2010. Ces jours-ci, les professionnels du cinéma ont appelé en masse à la libération des cinéastes.
Le cinéaste iranien Jafar Panahi, lauréat du Lion d’or à la Mostra de Venise en 2000 pour Le Cercle et du Prix du scénario à Cannes en 2018 pour Trois visages, a été conduit en prison à la suite de son arrestation la semaine dernière alors que le gouvernement iranien, contesté de toutes parts, procédait à une vague d’arrestations contre de nombreuses personnalités opposées au régime, dont Mohammad Rasoulof (le réalisateur de Le diable n’existe pas, lauréat de l’Ours d’or lors de la Berlinale de 2020) et son collègue Mostafa Al-Hamad, incarcérés pour avoir signé une lettre ouverte dénonçant l’arrestation de certains de leurs confrères ainsi que la répression armée des manifestants.
Jafar Panahi, lui aussi vainqueur de l’Ours d’or à Berlin en 2015 pour Taxi Téhéran, continuait de vivre et de travailler en Iran malgré la lourde interdiction prononcée en 2010 et qui pèse encore sur lui – soit vingt ans sans pouvoir réaliser ni écrire des films, ni voyager ou s’exprimer dans les médias. Le réalisateur du Ballon blanc (1995) et Hors jeu (2006), qui a commencé sa carrière comme assistant-réalisateur auprès d’un autre grand cinéaste iranien, Abbas Kiarostami (1940-2016), avait été condamné en 2010 pour « propagande contre le régime » après s’être opposé à la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Il vivait jusqu’à présent en liberté conditionnelle sous la menace constante d’une incarcération.
Jafar Panahi « a été emmené au centre de détention d’Evin pour y purger sa peine », a indiqué le porte-parole de la Justice iranienne. Vendredi dernier, la France avait appelé à la « libération immédiate » des cinéastes, emboîtant le pas aux nombreuses institutions cinématographiques (le Festival de Cannes, la Berlinale, la Mostra de Venise ou encore l’ARP) et professionnels du cinéma qui se sont immédiatement indignés face à cette vague d’arrestations et ont expressément demandé la libération de leurs confrères.
En soutien aux cinéastes iraniens récemment arrêtés, Arte propose en ce moment de (re)découvrir une partie de leurs filmographies, à commencer par les deux derniers films de Jafar Panahi, Trois visages et Taxi Téhéran.