Après un long passage à vide, le rappeur belge Isha a confirmé son retour en grâce en avril dernier avec un premier album salvateur, Labrador bleu.
Comment as-tu abordé la création de cet album par rapport à tes derniers EP ?
J’ai été plus attentif aux sonorités du moment, aux ingrédients qui fonctionnent. Je suis sorti de ma zone de confort. En matière de mix, j’ai voulu faire ressortir les basses afin qu’une espèce de vibration traverse tout le projet. La nouvelle génération affectionne beaucoup la texture de l’auto-tune, donc il fallait aussi que je trouve la mienne. Ce sont des petits compromis, mais je n’ai pas eu du tout l’impression de travestir ma musique. Les fondements restent les mêmes. Ça reste du Isha.
Comment as-tu vécu cette reconnaissance tardive de la scène belge ?
Pour ceux de ma génération, c’est magique. Il y a quinze ans, c’était inenvisageable que Bruxelles devienne une place forte du rap. Dans les gros festivals, il y avait à peine 3 % d’artistes belges dans toute la programmation. Sortir des projets en Belgique, c’était infaisable. Quand les rappeurs de ma génération s’essoufflaient et continuaient à sortir des clips alors que ça ne servait à rien, je me suis retiré. Disparaître, ça peut avoir du bon car, pour les jeunes, tu es nouveau.
Ça te fait quoi de défendre cet album en festival ?
C’est vraiment mon terrain. Il y a plein de gens qui ne me connaissent pas. C’est dans ces moments-là que j’aime bien me dépasser. C’est un peu ça, l’essence du rap : prouver aux autres courants musicaux qu’on est fort, qu’il y a une belle énergie et une communauté derrière. Dans le rap, on a toujours été habitué à devoir faire nos preuves.