Depuis quelques années, il n’y en a que pour le 24×36 sur le marché des appareils photo à optique interchangeable sans miroir, la locomotive Sony ayant fait des émules au sein de la concurrence. Pourtant, en 2022, les systèmes APS-C et Micro 4/3 sont sous les feux de la rampe. Preuve qu’ils ne sont pas prêts à tirer leur révérence.
Finalement, il n’y a pas que le plein format dans la vie. Pourtant, le passé récent suggérait cette idée. Lors de l’arrivée presque simultanée, en 2018, de Canon et Nikon sur le marché de l’hybride 24×36 – avec les EOS R et Z6/Z7 – pour contester le leadership des Sony Alpha, d’aucuns estimaient que les « petits » capteurs en seraient pour leurs frais. Un sentiment d’autant plus légitime que Panasonic, qui a fait florès autour de sa gamme Lumix Micro 4/3, a rejoint le mouvement avec ses hybrides Lumix S. Malgré cet irrésistible attrait pour le plein format, les petits capteurs ont toujours voix au chapitre. Le début de l’année en atteste, puisque parmi les nouveautés, les modèles APS-C et Micro 4/3 se taillent la part du lion.
Majorité APS-C au premier semestre
L’EOS R5C et le Leica M11 paraissent bien isolés, à l’issue de ce premier semestre : il s’agit, à ce jour, des deux seuls hybrides 24×36 dévoilés en 2022. Et encore, ils visent une clientèle restreinte, celle des vidéastes professionnels. Le reste des nouveautés sur le marché de la photo concerne les « petits » capteurs. Les constructeurs fidèles au Micro 4/3 ont ainsi renouvelé le haut du panier de leurs gammes respectives.
OM System a ainsi dévoilé son premier boîtier, l’OM-1, tandis que Panasonic a officialisé la sortie de son Lumix GH6, dont l’identité avait été annoncée en fin d’année dernière. Fujifilm, qui résiste aux sirènes du plein format (le système GFX à grand capteur est positionné un cran au-dessus du 24×36), poursuit son bonhomme de chemin en APS-C, avec un séduisant X-H2S.
Tandis que Canon et Nikon, pourtant très investis dans le développement de leurs gammes 24×36 en montures R et Z, prennent soin de ne pas négliger le format APS-C. Les sorties estivales des EOS R10, R7 et du Z30 en sont la preuve.
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Les opticiens au diapason
Les fabricants d’optiques ne sont pas en reste. Tamron vient de dévoiler une nouvelle version de son zoom 17-70 mm f/2,8 Di III-A VC RXD, cette fois en monture X, pour être monté sur les hybrides Fujifilm, alors qu’il existait déjà en monture E pour les appareils Sony sans miroir au format APS-C. Sigma a également décliné son trio de focales fixes lumineuses 16, 30 et 56 mm f/1,4 DC DN I Contemporary, déjà existant en monture E et désormais commercialisé en monture X.
Symbole de ce regain de forme des formats inférieurs au 24×36, Sony, qui mène la danse sur le créneau de l’hybride plein format, a sorti au premier semestre trois optiques conçues pour le format APS-C. Deux focales fixes, les E 11 mm f/1,8 et 15 mm f/1,4 G, ainsi que le zoom E PZ 10-24 mm f/4 G.
Dans le sillage de leurs annonces, Canon et Fujifilm ont également dévoilé des zooms spécifiquement dédiés au format APS-C, respectivement les RF-S 18-45 mm f/4,5-6,3 IS STM et 18-150 mm f/3,5-6,3 IS STM, ainsi que les Fujinon 18-120 mm f/4 LM PZ WR et XF 150-600 mm f/5,6-8 R LM OIS WR.
Les usages au centre du jeu
Les Cassandre qui annonçaient la fin des petits capteurs avec la démocratisation du plein format en sont pour leurs frais. La raison est double. D’une part, le plein format, même s’il est possible de trouver des boîtiers plus abordables, reste coûteux lorsqu’on souhaite s’équiper d’optiques de qualité. Surtout, ce système est plus encombrant quand on prend en compte les objectifs, à focales équivalentes, par rapport aux configurations équivalentes en APS-C et Micro 4/3.
Sans oublier les avantages, en termes d’usages, procurés par les capteurs de taille inférieure. Les amateurs de longues focales profitent ainsi des coefficients multiplicateurs inhérents aux capteurs APS-C (1,5x en moyenne) et Micro 4/3 (2x) : ainsi, un 100-400 mm se comportera respectivement comme un 150-600 mm ou un 200-600 mm. Autre domaine où les « petits » capteurs octroient un confort d’utilisation accru : la vidéo. La gestion de la profondeur de champ est en effet un peu moins délicate à gérer, alors qu’en 24×36, la moindre erreur de mise au point à grande ouverture se traduit par un flou irrémédiable en post-production.
Partis pour durer
Ce ne sont là que quelques exemples, mais ils montrent bien qu’un format ne chasse pas l’autre. Ainsi, à l’ère hybride, quelle que soit la monture, plusieurs tailles de capteurs cohabitent au catalogue d’une même marque, à l’instar du moyen format et de l’APS-C chez Fujifilm, ou bien du 24×36 et du Micro 4/3 chez Panasonic. Voire, autour d’une seule et même monture, puisque, comme du temps des reflex, Canon, Leica, Nikon et Sony proposent des optiques couvrant le format 24×36 ou APS-C autour de leurs montures respectives R, L, Z et E.
Moins dissuasifs en termes de prix, toujours aussi pertinents en raison de leurs caractéristiques intrinsèques sur le terrain, les formats APS-C et Micro 4/3 ont donc encore de beaux jours devant eux.