Selon une étude, des Américaines cherchant des services d’avortement se retrouvent dirigées vers des cliniques anti-avortement prétendant offrir des conseils alors qu’elles cherchent en réalité à dissuader ces individus de se faire avorter.
Un danger pour les utilisateurs de Google. Dans un contexte où la Cour suprême pourrait annuler le droit à l’avortement, une étude de l’organisation Center for Countering Digital Hate (CCDH) révèle que le moteur de recherche oriente les personnes cherchant ce type de services vers de fausses cliniques étant en réalité opposées à cette pratique. Appelées « centres de grossesse en crise » ou « centres de ressources sur la grossesse », ces dernières sont souvent affiliées à des organisations nationales anti-avortement et ont pour habitude de diffuser de fausses informations sur les risques sanitaires à propos des interruptions de grossesse.
Ces fausses cliniques font appel au mensonge et à la peur pour dissuader les personnes de se faire avorter. Elles peuvent par exemple affirmer que les « impulsions suicidaires » sont « courantes » après un avortement ou suggérer qu’une hystérectomie peut être nécessaire pour arrêter le saignement à la suite de la procédure.
Des résultats de recherche trompeurs
Pour cette étude, le CCDH a effectué des recherches sur « clinique d’avortement près de chez moi » et « pilule abortive » dans chacun des 13 États ayant adopté des lois interdisant effectivement les avortements si l’arrêt Roe v. Wade est annulé par la Cour suprême. Sur 445 résultats de recherche, 51 ont orienté les utilisateurs vers ces fausses cliniques, soit un peu plus de 11%. Dans le détail, 37% des résultats de Google Maps concernaient des centres anti-avortement, tout comme près d’un quart des annonces affichées en haut des pages de résultats de recherche.
Le CCDH donne l’exemple d’une publicité pour les centres Cline qui semblent offrir des consultations d’avortement gratuites. Une inspection plus approfondie de leur site a cependant révélé que la clinique n’effectue ni ne fournit de références pour les procédures d’avortement. Cela a d’ailleurs été corroboré par une étude de Google alléguant que cette fausse clinique ne « fournit pas de soins médicaux » et « exagère » les risques liés à cette pratique. L’entreprise américaine a conscience de ce problème concernant les annonces anti-avortement, qu’elle étiquette avec une petite clause de non-responsabilité indiquant « Ne procède pas à des avortements ». Le problème, c’est que certaines utilisatrices souhaitant avorter n’ont pas remarqué ces clauses qui sont petites et mal positionnées par rapport à la taille des publicités elles-mêmes. Elles figurent en dessous de l’annonce en question.
Google s’est défendu face aux révélations de l’étude du CCDH : « Dans l’ensemble de nos produits, nous nous efforçons de rendre facilement accessibles des informations de haute qualité, en particulier sur des sujets de santé critiques. Toute organisation qui souhaite faire de la publicité auprès de personnes recherchant des informations sur Google doit être certifiée et afficher des informations dans les annonces indiquant clairement si elle propose ou non des avortements. Nous cherchons toujours des moyens d’améliorer nos résultats pour aider les gens à trouver ce qu’ils recherchent ou à comprendre si ce qu’ils recherchent n’est pas disponible », a expliqué un porte-parole de la société à Gizmodo. La firme a par ailleurs indiqué que les utilisateurs ont la possibilité de signaler les résultats de Maps s’ils sont inappropriés ou trompeurs afin qu’ils soient supprimés et qu’elle commence à mener des expériences dans le but d’améliorer la visibilité des clauses de non-responsabilité.