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Quel est l’impact environnemental des NFT ?

08 novembre 2021
Par Marion Piasecki
Quel est l’impact environnemental des NFT ?
©HollyHarry/Shutterstock

Difficile d’ignorer l’existence des NFT tant ils ont marqué l’actualité artistique de ces derniers mois, que ce soit par leurs prix de vente qui battent tous les records, par leur (in)utilité qui interroge ou par les divisions qu’ils créent chez les artistes eux-mêmes. Le principal point de discorde : leur impact environnemental. Certains s’inquiètent d’une consommation énergétique irresponsable, tandis que d’autres assurent que les technologies évoluent vers une empreinte carbone quasiment neutre.

Commençons par le commencement. Un NFT (non-fungible token) est une sorte de certificat d’authenticité d’un objet numérique. Le terme s’applique aussi bien à des illustrations, de la musique, des vidéos et même des noms de domaine ou des tweets. Les artistes travaillant sur ordinateur y voient un nouveau moyen d’être rémunérés, qui serait l’équivalent de la vente d’œuvres originales pour les artistes traditionnels. Les prix de vente des NFT peuvent dépasser plusieurs millions de dollars. Le tout premier message publié sur Twitter a ainsi été vendu pour 2,9 millions de dollars en mars 2021.

Le tout premier tweet de l’histoire est signé Jack Dorsey.©DR

Le record est attribué au collage numérique Everydays : the First 5000 Days de Beeple, qui a été vendu pour 69,3 millions de dollars.

Everydays : the First 5000 Days de Beeple.©Beeple

Si la question de l’impact environnemental se pose, c’est parce que les NFT, qui suscitent depuis une année un véritable engouement, reposent sur la blockchain, une technologie qui nécessite de faire tourner en continu de nombreux ordinateurs très puissants, donc particulièrement énergivores. Bitcoin et Ethereum, les blockchains les plus populaires, sont régulièrement pointées du doigt.

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Quelle est la consommation énergétique d’un NFT ?

Aucune étude n’établit encore avec certitude le fait que l’empreinte carbone des NFT serait telle qu’elle aurait un impact négatif sur l’environnement. Cependant, quelques personnes ont fait part de leurs calculs. Selon l’artiste et ingénieur Memo Akten, la consommation énergétique d’un seul NFT serait de 340 kWh, soit la consommation d’électricité mensuelle d’un citoyen européen. De plus, il émettrait 211 Kg de CO2, l’équivalent d’un vol de deux heures. Alarmé par cet article, l’artiste français Joanie Lemercier s’est à son tour penché sur l’impact de la vente de six de ses œuvres en NFT. Il affirme que « la sortie de six œuvres CryptoArt a consommé plus d’électricité en dix secondes que [son] studio entier ces deux dernières années ». Les deux artistes dénoncent le manque de transparence des plateformes blockchain à ce sujet.

Le site de NFT SuperRare a réagi avec un article simplement intitulé « Non, les cryptoartistes ne font pas de mal à la planète ». L’argument principal est que les « mineurs » de blockchain Ethereum continuent de faire tourner leurs ordinateurs qu’il y ait des transactions ou non, donc la consommation énergétique ne varierait donc pas sensiblement selon le nombre de transactions.

L’artiste américaine Alexandra Rubio a également cherché à nuancer ces différents arguments en expliquant que calculer une empreinte carbone était difficile, surtout pour une seule transaction. D’après elle, la thèse défendue par SuperRare est fausse, mais les chiffres avancés par Memo Akten et Joanie Lemercier devraient être considérés comme une estimation pessimiste plutôt que des chiffres exacts.

Quelles sont les évolutions ? Existe-t-il des NFT durables ?

La question environnementale étant sur toutes les lèvres, il est devenu nécessaire de rassurer et surtout de trouver des versions plus durables des NFT. Jack Dorsey, cofondateur de Twitter et PDG de Square, a annoncé le lancement d’un fonds de 10 millions de dollars pour les entreprises qui chercheront à rendre le minage du Bitcoin plus écologique. Son objectif : que les cryptomonnaies soient « entièrement alimentées par de l’énergie propre, éliminant ainsi leur empreinte carbone ».

Les choses évoluent aussi en France. La plateforme de financement participatif uTip veut se lancer dans les NFT, ou plutôt les ONU (Objet numérique unique), avec le site Kalart. La problématique environnementale y est abordée directement : en utilisant la blockchain Polygon plutôt que Bitcoin ou Ethereum, Kalart assure que l’empreinte écologique est « faible, voire nulle ».

Certaines plateformes de NFT semblent donc prêtes à faire des efforts. Malheureusement, en l’absence d’études fiables sur le sujet, c’est toujours le flou artistique.

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Article rédigé par
Marion Piasecki
Marion Piasecki
Journaliste