Certaines séries ne se contentent pas de divertir : elles bousculent, questionnent et obsèdent longtemps après le générique final. Voyages dans le temps, réalités parallèles, intelligences artificielles… Voici une sélection d’œuvres labyrinthiques qui transforment chaque épisode en énigme à décrypter.
Vous connaissez cette sensation ? Celle qui suit le générique de fin d’un épisode et vous laisse sur votre canapé, le regard dans le vide, en vous murmurant « Mais… quoi ?« . Oubliez les intrigues linéaires et les personnages lisses. Ici, on parle de séries complexes et intelligentes, de puzzles et de twists, de scénarios en forme de Rubik’s Cube, de chronologies explosives et de concepts qui vous hanteront bien après avoir éteint votre écran.
Voici une sélection de ces (très bonnes) séries qui ne se contentent pas d’être regardées, mais que l’on adore déchiffrer.
Dark : le doctorat en voyage dans le temps (2017-2020)
Le pitch initial de Dark a tout du déjà-vu : dans la petite ville allemande de Winden, un enfant disparaît. Mais très vite, la série délaisse l’enquête policière classique pour plonger dans un maelström temporel d’une ambition folle. La question n’est plus « où ? », mais « quand ? ».
En explorant les liens inextricables entre quatre familles sur plusieurs générations, la série allemande tisse une toile de paradoxes, de secrets et de prophéties auto-réalisatrices. Portée par un casting impeccable, dont les jeunes Louis Hofmann et Lisa Vicari, Dark est une œuvre exigeante, à la photographie sublime et à l’atmosphère pesante, qui récompense le spectateur attentif par une construction scénaristique d’une cohérence quasi miraculeuse. Un véritable casse-tête existentiel.
A voir sur Netflix.
Severance : le burn-out existentiel (depuis 2022)
Imaginez une procédure chirurgicale qui sépare vos souvenirs professionnels de votre vie privée. C’est le postulat de départ glaçant de Severance, une satire dystopique du monde de l’entreprise. Réalisée en partie par Ben Stiller, la série nous plonge dans les couloirs aseptisés de Lumon Industries, où des employés, menés par un Adam Scott magistral, vivent une existence duale.
La critique du management absurde et de l’aliénation au travail se double d’un thriller paranoïaque d’une lenteur angoissante. Avec son esthétique rétro-futuriste impeccable et un casting cinq étoiles (Patricia Arquette, John Turturro, Christopher Walken), Severance explore avec une intelligence rare les notions d’identité, de libre arbitre et de mémoire. L’une des meilleures séries de ces dernières années.
A voir sur Apple TV+.
Mr. Robot : la paranoïa comme mode de vie (2015-2019)
Bien avant d’incarner Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody, l’acteur Rami Malek livrait une performance hallucinante dans la peau d’Elliot Alderson, un hacker de génie, socialement inadapté et mentalement instable dans Mr Robot. Le pitch ? Elliot est recruté par un mystérieux anarchiste, « Mr. Robot » (l’excellent Christian Slater), pour faire tomber la plus grande multinationale du monde.
Mais la série est bien plus qu’un simple pamphlet anticapitaliste. C’est un plongeon vertigineux dans un esprit fragmenté. En utilisant le procédé du narrateur non fiable à son paroxysme, le créateur Sam Esmail nous fait douter de chaque scène, de chaque dialogue. Les twists sont monumentaux et redéfinissent constamment notre compréhension de l’histoire, le tout dans une ambiance de paranoïa technologique poisseuse.
A voir en DVD/Blu-Ray et sur Prime Video.
Westworld : l’intelligence artificielle a-t-elle une âme ? (2016-2022)
Dans un parc d’attractions futuriste recréant le Far West, des androïdes ultra-réalistes, les « hôtes », sont à la merci des désirs les plus sombres de riches visiteurs. Mais que se passe-t-il quand ces créatures, dont la mémoire est effacée chaque jour, commencent à développer une conscience ?
Adaptée du film de Michael Crichton, Mondwest, Westworld est un labyrinthe philosophique. La première saison, portée par un casting exceptionnel (Evan Rachel Wood, Thandiwe Newton, Jeffrey Wright, et le légendaire Anthony Hopkins), joue avec les temporalités et les niveaux de réalité pour questionner ce qui définit l’humanité. C’est une œuvre cérébrale, parfois complexe à l’excès dans ses saisons ultérieures, mais dont l’ambition et la portée métaphysique forcent le respect.
A voir en DVD/BluRay.
Black Mirror : le miroir angoissant de notre futur (depuis 2011)
Plus qu’une série, Black Mirror est une collection de fables anxiogènes sur notre présent et notre futur proche. Chaque épisode est une histoire indépendante, un « cauchemar technologique » qui explore l’impact de l’innovation sur nos vies. Le concept n’est pas tant de retourner le cerveau par une intrigue complexe, mais par la force de ses idées et la pertinence glaçante de son propos.
De la note sociale qui régit votre existence à la possibilité de cloner numériquement un être cher, la série britannique de l’auteur Charlie Brooker a vu passer une pléiade d’acteurs (Bryce Dallas Howard, Jon Hamm, Daniel Kaluuya) et nous laisse systématiquement avec une question dérangeante : « Et si c’était pour demain ? ». Le reflet de nos angoisses collectives.
A voir en DVD/BluRay, sur Netflix et FranceTV.
The Leftovers : le deuil philosophique (2014-2017)
Le 14 octobre, 2% de la population mondiale disparaît subitement, sans aucune explication. Trois ans plus tard, ceux qui restent tentent de vivre. Voilà le point de départ de The Leftovers. Mais ne vous attendez pas à une résolution du mystère. Le créateur génial Damon Lindelof (showrunner de Lost) utilise cet événement comme un catalyseur pour explorer la foi, le deuil, le fanatisme et la quête de sens dans un monde devenu absurde.
C’est une série profondément humaine et bouleversante, qui ose le surréalisme et la métaphore. Les performances de Justin Theroux et Carrie Coon sont d’une intensité rare. The Leftovers n’apporte aucune réponse facile, mais offre une expérience émotionnelle et spirituelle d’une puissance inoubliable. L’une des meilleures séries de tous les temps.
A voir en DVD/BluRay et Canal+.
L’Attaque des Titans (Shingeki no Kyojin) : bien plus qu’un manga (2013-2023)
L’humanité vit retranchée derrière d’immenses murs pour se protéger de titans mangeurs d’hommes. Ce pitch de « survival horror » cache en réalité l’une des œuvres les plus complexes de la décennie.
Cette série animée inspirée d’un manga commence comme un récit d’action brutal et désespéré se mue progressivement en un thriller politique, une fresque géopolitique et une tragédie aux thématiques vertigineuses : le poids de l’histoire, le cycle de la haine, le fascisme, la liberté… Chaque révélation sur l’origine des titans et la nature du monde extérieur ne fait qu’épaissir le mystère et redéfinir les notions de « héros » et de « monstre ». Un chef-d’œuvre de construction narrative qui transcende largement le cadre de l’animation.
A voir en DVD/BluRay et Netflix.
Devs : le thriller quantique (2020)
Lily Chan, une ingénieure en informatique incarnée par Sonoya Mizuno, enquête sur la mort de son petit ami au sein d’Amaya, une entreprise de la tech dirigée par un gourou énigmatique (le génial Nick Offerman). Elle découvre bientôt la division secrète « Devs », qui travaille sur un projet capable de changer la nature même de l’existence.
Créée par Alex Garland (Ex Machina, Civil War), Devs est une œuvre hypnotique, à la beauté visuelle écrasante. Elle s’attaque à des concepts de hard-SF comme le déterminisme, le multivers et le libre arbitre avec une rigueur rare. C’est une série lente, contemplative et exigeante, qui ressemble parfois à une prière codée en binaire.
A voir sur Canal+.
Lost : l’île de toutes les questions (2004-2010)
C’est la série qui a popularisé la « mystery box » et rendu accro toute une génération de spectateurs. Après le crash de leur avion sur une île (en apparence) déserte, les survivants, dont les charismatiques Matthew Fox et Evangeline Lilly, découvrent qu’ils ne sont pas seuls.
Entre les ours polaires, la fumée noire, les « Autres » et une trappe mystérieuse, Lost a redéfini la narration télévisuelle en construisant un puzzle géant à base de flashbacks et de cliffhangers insoutenables. Si sa fin a divisé, l’aventure reste une expérience unique, un voyage au cœur de la foi et de la science, dont l’influence sur les séries modernes est encore palpable aujourd’hui.
A voir en DVD/BluRay.
Twin Peaks : le pionnier surréaliste (1990-1991, puis 2017)
Bien avant tout le monde, le regretté David Lynch retournait déjà les cerveaux avec une simple question : « Qui a tué Laura Palmer ? ». L’enquête de l’agent du FBI Dale Cooper (le parfait Kyle MacLachlan) dans la petite ville de Twin Peaks est le prétexte à une plongée onirique, dérangeante et souvent hilarante dans l’inconscient de l’Amérique.
Avec sa galerie de personnages excentriques, ses scènes dans la Loge Noire et son ambiance unique, Twin Peaks a fait exploser les codes du polar et de la télévision. C’est une œuvre d’art totale, une expérience sensorielle qui continue, plus de trente ans après, d’influencer et de fasciner.
A voir en DVD/Blu-Ray ou Paramount+.
