Du blues savant de Maggie Nelson au constat glaçant de Joyce Carol Oates, du récit choc d’Edna O’Brien à la comédie islandaise de Audur Ava Olafsdottir, de l’introspection de Siri Hustvedt à la fiction générationnelle de Sally Rooney, les meilleurs romans étrangers de la rentrée se conjuguent au féminin. Côté masculin, Jim Fergus boucle une trilogie, Pete Fromm affronte un deuil alors que Richard Powers et Jonathan Coe sont au chevet de leur pays respectif. Sélection !
Bleuets – Maggie Nelson (Éditions du sous-sol)
Entre références culturelles, méditations poétiques et digressions existentielles, Bleuets de Maggie Nelson a toutes les caractéristiques du livre inclassable. Composée de deux cent quarante fragments, cette balade mélancolique et introspective en terre d’intelligence est une invitation à partager la passion irrationnelle de l’auteure américaine pour la couleur bleu et l’art sous toutes ses formes.
Girl – Edna O’Brien (Sabine Wespieser éditeur)
Roman choc aux confins de la barbarie et de la folie, Girl nous fait entrer dans l’univers intérieur d’une petite nigériane enlevée, violée et mariée de force par les bourreaux de Boko Haram. À travers la voix de cette victime du fanatisme religieux et de l’obscurantisme masculin, Edna O’Brien dresse le portrait d’une femme toujours debout malgré l’horreur.
Un Livre de martyrs américains – Joyce Carol Oates (Philippe Rey)
À partir d’un fait divers meurtrier, l’inestimable Joyce Carol Oates met en scène la guerre brutale que se mènent soldats de Dieu « pro-vie » et progressistes « pro-choix ». Loin de tout manichéisme, Un Livre de martyrs américains lui permet de décrypter les raisons de la gangrène idéologique qui ronge les États-Unis au sujet de l’avortement.
Miss Islande – Audur Ava Olafsdottir (Zulma)
Situé au début des années 1960, Miss Islande adopte le point de vue d’une jeune et jolie provinciale que l’on encourage à abandonner ses rêves d’écriture au profit d’un statut de reine de beauté. Avec un évident talent romanesque, l’islandaise et francophile Audur Ava Olafsdottir propose un nouveau roman qui sonne comme une ode vivifiante à la liberté et à l’anticonformisme.
Souvenirs de l’avenir – Siri Hustvedt (Actes Sud)
Toujours fidèle à ses thèmes de prédilection, l’américaine Siri Hustvedt est de retour avec Souvenirs de l’avenir : un nouveau voyage introspectif où elle questionne par la voix d’une romancière fictive son propre rapport à la littérature, à l’imaginaire, au temps qui passe et au déterminisme familial.
Conversations entre amis – Sally Rooney (Éditions de l’Olivier)
Avec Conversations entre amis, la romancière irlandaise Sally Rooney poursuit son exploration du monde des millénials à travers une romance générationnelle où les idéaux, les émotions et les sentiments se heurtent à la réalité d’un monde impitoyable.
La Vie en chantier – Pete Fromm (Gallmeister)
À partir d’un sujet tragique à fort potentiel lacrymal – après la mort en couche de sa femme, un homme doit élever seul son premier enfant – Pete Fromm réussit un roman lumineux et plein d’espoir. Sans dénier la tristesse et la mélancolie, La Vie en chantier est avant tout une magnifique leçon de vie.
Opération âme errante – Richard Powers (Le Cherche-Midi)
Prix Pulitzer de la fiction 2019, Richard Powers a écrit en 1993 un roman subtil et poignant où il prenait le pouls d’une Amérique malade à travers le regard d’un groupe d’enfants hospitalisés. Vingt-six ans plus tard, Opération âme errante est enfin traduit et publié en France.
Les Amazones – Jim Fergus (Le Cherche-Midi)
Expert de la culture indienne en général et de la place qu’y occupent les femmes en particulier, Jim Fergus achève enfin sa trilogie Mille femmes blanches avec cet ultime volet intitulé Les Amazones. Un dernier tome puissant où les femmes définitivement adoptées par les Indiens prennent les armes pour résister à l’oppresseur yankee.
Le Cœur de l’Angleterre – Jonathan Coe (Gallimard)
Ce n’est rien de moins qu’une autopsie méticuleuse et circonstanciée du Brexit que pratique Jonathan Coe dans son nouveau roman. En vaillant pourfendeur du conservatisme et du repli sur soi, il signe avec Le Cœur de l’Angleterre une pétillante fiction chorale où aucun sujet brûlant n’échappe à son regard acéré.
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