Dan Dare, Perry Rhodan, Flash Gordon, Buck Rogers, Fulgur, Flash Gordon, Valérian et Laureline, Star Trek, Stargate, Star Wars, Battlestar Galactica… Pulp, comics, BD, cinéma et télévision ont propagé le space opera tout au long des cent dernières années. Ce genre, que l’on pourrait traduire par « aventure spatiale », a aussi ses chefs-d’œuvre littéraires. En voici 10.
Ceux de la Légion de Jack Williamson (1934)
Dix ans avant l’invention du moteur à réaction, Jack Williamson invente une armée capable de se déplacer de planète en planète au moyen d’une fusée : la naissance du Space Opera La Légion de l’espace (réédité dans le cycle Ceux de la légion) consacre le genre comme une nouvelle manière d’aborder la S-F. Sorte de transposition cosmique des Trois mousquetaires (avec des aliens nommés « Méduse » en guise de gardes du cardinal de Richelieu), ce cycle a plutôt bien vieilli, et entérine les valeurs du space opera : des combattants courageux, des ennemis redoutables, des voyages spatiaux longue distance et des armadas de vaisseaux seront bientôt les caractéristiques à retrouver dans toutes les œuvres du genre.
Le Cycle de la Culture d’Iain M. Banks (1987-2012)
Qu’il aborde la guerre, la religion, l’intelligence artificielle, les jeux, le Cycle de la Culture se veut avant tout un space opera politique : on y présente une civilisation humaine très avancée, la Culture, qui cherche à entrer en contact avec d’autres ethnies, dans un vaste univers. Les rencontres improbables, les tentatives d’ingérence et les espions sont donc légion tout au long des différents romans, que l’on peut lire indépendamment, mais dont les trois premiers tomes (Une forme de guerre, L’Homme des jeux et L’Usage des armes) constituent la partie la plus novatrice.
Hyperion de Dan Simmons (1989-1997)
Structuré en quatre romans et en deux cycles (Hyperion et Endymion), la grand saga de Dan Simmons titrée d’après John Keats s’apparente aussi bien au planet opera (façon Dune) qu’au cyberpunk (les IA y jouent un rôle considérable). Mais à travers le portrait de six pèlerins se rendant sur un monde mystique, Hypérion, l’auteur parvient à nous faire adhérer à un univers complexe, à des religions nouvelles, à des technologies futuristes. Épique, ce modèle de space opera moderne parvient de fait à fusionner toutes les tendances de la S-F des années 1980 dans un tout cohérent, à la fois politique et poétique. Un modèle du genre.
Les Guerriers Du Silence de Pierre Bordage (1993-1995)
Avec cette trilogie de space opera à la frontière de la science fantasy, Pierre Bordage faisait une entrée fracassante, il y a trente ans, au panthéon de l’imaginaire français. Les Guerriers du Silence suit le combat d’une douzaine d’initiés, pratiquant des arts de combat spirituels, contre de mystérieux anthropoïdes dotés de pouvoirs télépathiques. L’auteur, sans cacher l’influence de Star Wars sur son travail, invente des mondes, des personnages et des pouvoirs plus originaux les uns que les autres, qui ont contribué à redéfinir les frontières du genre.
Latium de Romain Lucazeau (2016)
Le space opera a quitté de longue date ses aspects les plus commerciaux pour devenir, à part entière, un genre que traversent des écrivains inventifs, pour mieux le subvertir. Dans Latium, Romain Lucazeau déployait ainsi une mythologie tout à fait à part, en présentant d’immenses vaisseaux déshumanisés, pilotés par des IA extrêmement complexes, inspirées de la Rome antique… Mêlant des concepts philosophiques proches de Leibniz à des évocations littéraires héritées du classicisme ou à des peuples hybrides d’hommes-chiens venus de la Grèce antique, l’auteur marquait son entrée dans le landerneau de l’imaginaire français avec un vrai style et une épopée digne de figurer parmi les grands space operas récents.
Les Chroniques du Radch d’Ann Leckie (2013-2015)
Inaugurée avec La Justice de l’ancillaire, la saga des Chroniques du Radch a raflé les principaux prix de science-fiction anglo-saxons (Locus, Nebula, Hugo, Arthur C. Clarke) et propulsé Ann Leckie, alors autrice débutante, parmi les best-sellers de l’imaginaire mondial. Sur fond de space opera traditionnel, avec des IA contrôlant des corps ou des vaisseaux et un Empire despotique à combattre, l’Américaine a inventé un univers strictement égalitaire du côté des genres, utilisant très souvent le pronom féminin pour désigner des personnages androgynes. Une originalité qui se retrouve dans les deux tomes suivants de la saga (L’Épée de l’ancillaire et La Miséricorde de l’ancillaire) où abondent les péripéties, achevant de faire de ce triptyque un incontournable des années 2010.
Journal d’un Assasynth de Martha Wells (2017-2023)
Totalisant 9 tomes qui sont autant de novellas et de romans plus longs, Journal d’un Assasynth a la particularité d’être écrit à la première personne du singulier : on y entre dans la tête d’Assasynth (c’est son surnom), un cyborg qui s’est auto-piraté de manière à disposer d’un libre arbitre. Ancien militaire reconverti en agent de sécurité, l’androïde brosse, de récit en récit, un portrait de l’humanité, qu’il rencontre sur des planètes désertiques, au fond de mines dangereuses, sur des vaisseaux lancés dans la galaxie. Avec humour, Martha Wells use et abuse de ce personnage singulier pour mieux réinventer le space opera.
The Expanse de James S.A. Corey (2011-2022)
Équivalent space opera de Game of Thrones, la dense saga The Expanse, œuvre d’un tandem (dont un des membres est l’assistant de George R. R. Martin, ceci explique cela), fait voisiner science-fiction, étude sociopolitique et aventure. Démarrant dans un système solaire entièrement colonisé, avec des mondes plus ou moins détachés de la planète mère, la saga nous fait voguer de cités minières en planètes, au fil de dix tomes dans lesquels l’Humanité se met à cohabiter avec une entité extra-terrestre mystérieuse, ou « Protomolécule », qui va devenir un enjeu narratif capital au fil de chapitres nous présentant des personnages fort variés, et un héros charismatique : James Holden.
Les Voyageurs de Becky Chambers (2016-2021)
Avec Les Voyageurs, Becky Chambers, autrice à succès de la dernière décennie, revient aux sources du space opera : le premier tome, L’Espace d’un an, et ses différentes suites, nous embarquent à bord d’un vaisseau spatial lancé à travers l’espace. Les interactions entre les personnages d’un univers où les IA peuvent s’incarner, où la navigation est assurée par une espèce à part, où les aliens parviennent à cohabiter malgré les différences font tout le sel de cette épopée… À la suite de l’héroïne, Rosemary Harper, on embarque volontiers !
Skyward de Brandon Sanderson (2018-2024)
Immensément prolifique du côté de la fantasy, Brandon Sanderson s’est depuis peu intéressé au genre du Space Opera, dont il a livré une version Young Adult tout au long du très réussi cycle Skyward. Autour de pilotes adolescents cherchant à devenir des héros face aux redoutables extra-terrestres nommés « Krell », l’auteur brode une intrigue classique, mais terriblement efficace : aujourd’hui, pour initier un adolescent à ce genre si exotique, rien de tel que Vers les étoiles et ses suites !