À l’occasion de la sortie d’ »Alive In The Catacombs », un album live enregistré avec un trio à cordes dans la fameuse nécropole parisienne, revenons sur ce qui fait des Queens of the Stone Age le groupe le plus remuant de la scène rock actuelle… Et ce, depuis 25 ans.
Parce que… 30 ans d’une formule sans reprendre son souffle
Domaine national de Saint-Cloud, 24 août 2025, 23h30. Les Queens of the Stone Age terminent leur passage à Rock en Seine 2025 par un de leurs classiques en rappel, A Song for the Dead. Avec ses différents breaks de batterie, ses silences et ses relances furieuses, le morceau symbolise l’extrême dynamisme du groupe de Josh Homme, dont la formule est née il y a près de 30 ans, dans le désert californien.
Le génie de la formation ? Parvenir à garder cette flamme rock malgré les années qui passent, sans que jamais la formule ne s’essouffle. Depuis un premier album en guise de carte de visite, Queens of the Stone Age en 1998, les « Reines de l’âge de pierre » naviguent entre psychédélisme et tempos rapides, un mélange des genres qui évoque les effets conjugués de substances contradictoires : la musique de QOTSA semble devoir autant à la prise de stimulants qu’à celle d’hallucinogènes. Et si la drogue, c’est mal, transposé en musique, ce paradoxe prend une tout autre dimension.
Parce que… Josh Homme
L’histoire des Queens of the Stone Age débute du côté de Palm Springs, un lieu désertique où toute une scène musicale portée par quelques bourrins semblant sortir de Sons of Anarchy émerge : le rock stoner. Dans la banlieue de cette petite cité thermale californienne, le lycée de Palm Desert devient un lieu de rencontre pour une bande de jeunes qui aiment le skate, s’initient à la défonce et vénèrent des formations aussi diverses que Black Sabbath ou Hawkwind côté hard rock, mais aussi des groupes de punk hardcore, comme Black Flag. C’est là que se crée Kyuss, la formation par qui la tempête stoner arrive.
Outre le chanteur, John Garcia, deux musiciens contribuent largement au son de ce groupe qui mêle riffs lourds – très british seventies dans l’esprit – et déflagrations sonores, le tout saupoudré de psychédélisme : Josh Homme à la guitare, et Nick Oliveri à la basse. Apprécié notamment par Nirvana, qui les prend un temps sous leur aile, Kyuss ne dure pas. Josh Homme décide de monter son propre projet, avec l’un des batteurs de l’époque Kyuss, Alfredo Hernández, et également Oliveri.
Depuis lors, Homme est le chanteur-leader et le principal compositeur de Queens of the Stone Age, au départ conçu pour gérer l’après-Kyuss, puis devenu son bébé à part entière. Sa brillante idée originale aura été de démocratiser le son du stoner, en y incorporant une bonne dose de hard rock à l’ancienne, et de passer derrière le micro. La voix d’Homme, capable d’osciller entre montée dans les aigus façon Robert Plant et timbrage plus grave, sert toujours de fil rouge aux chansons de QOTSA, au fil des albums. Et c’est son art de la composition qui porte la formation à son meilleur.
Parce que… QOTSA a adapté pour le grand public un son à part
C’est en deux albums qu’est née la légende des Queens of the Stone Age : Rated R et Songs for the Deaf. Sorti en l’an 2000, Rated R marque une évolution dans le songwriting de Josh Homme, qui cherche à composer de véritables hits : on lorgne ainsi vers la pop sur The Lost Art of Keeping a Secret, tandis qu’un titre comme Better Living Through Chemistry évoque un mélange entre Sympathy for the Devil des Stones et Kyuss. Le groupe soigne aussi ses ouvertures de disque avec Feel Good Hit of the Summer et ses huit mots (des noms de drogues), ses changements de tempo brutaux et son martèlement de la même note au piano, une technique reprise d’Iggy Pop au temps des Stooges.
L’album suivant, Songs for the Deaf, sorti en 2003, marque l’âge d’or du groupe dans le monde. Parfait mélange de musiques extrêmes et de pop, le disque fait partie des meilleurs albums rock du troisième millénaire. Chaque titre est un tube, qu’il soit chanté par Homme (No One Knows, Go With the Flow), par Mark Lanegan (A Song for the Dead) ou par Nick Oliveri. Ce dernier quittera le groupe peu après ce magnum opus, la faute à une vie privée chaotique.
Depuis, de disque en disque, les Queens of the Stone Age ont gardé leur fraîcheur, capables d’aller explorer des terrains expérimentaux (Era Vulgaris en 2007), de ralentir (un brin) le tempo (…Like Clockwork en 2013) et de rester les indécrottables défenseurs du rock’n’roll à une époque où ce dernier est, semble-t-il, cantonné à l’underground ou aux tournées nostalgiques : In Times New Roman…, leur opus de 2023, reste suffisamment énergique pour que les QOTSA ne soient pas considérés comme des vétérans.
Parce que… le show sur scène est garanti
En juillet 2024, les Queens of the Stone Age se livraient à un exercice inédit : filmés dans les catacombes à Paris, ils ont joué quelques titres en compagnie… d’un trio à cordes. Un mix original, à découvrir sur un disque (Alive in the Catacombs) dans lequel on retrouve deux des aspects qui ont fait leur succès, à savoir l’évidence du songwriting et cette propension à habiter chaque scène, qu’elle soit underground, en petit comité ou en plein air, devant des dizaines de milliers de fans !