Actu

Texas : pourquoi leur premier album « Southside » est aussi culte ?

16 septembre 2025
Par Manue
Texas : pourquoi leur premier album "Southside" est aussi culte ?
©DR

« Southside » fut le premier album des Écossais de Texas. Grand succès mondial de 1989, il ressort en cette rentrée 2025, remasterisé et agrémenté de bonus. L’occasion de revenir sur ce disque emblématique du début de la carrière du groupe.

13 mars 1989. Les Écossais de Texas débarquent dans les bacs avec Southside, un premier album qui fleure bon l’Amérique. Dans le Top 50, la tendance est tout autre : David Hallyday avec HighWhitney Houston avec One Moment In TimeBernard Lavilliers avec On The Road Again, ou Madonna avec Like A Prayer, sont quelques-uns des titres qui cartonnent à cette époque. Et pourtant, le groupe de pop-rock va marquer les esprits.

Si le succès peut sembler soudain, l’ascension n’a pas été si facile. Après avoir quitté Hipsway, Johnny Mc Elhone rencontre une jeune brune d’à peine 18 ans, Sharleen Spiteri : l’épine dorsale de Texas est née. Leur premier tube en poche (I Don’t Want A Lover), ils partent à Los Angeles pour le faire produire par Bernard Edwards (Chic), mais cela ne fonctionne pas.

Retour sur les bords de la Clyde où le duo croise Stuart Kerr, batteur de son état qui vient de partir de Love and Money, puis Ally Mc Erlaine, guitariste. C’est ainsi formé que Texas va tracer sa route. De leur premier concert en 1988 à Dundee au succès de Southside et ses nombreux singles, leur parcours n’as pas seulement été long, mais parfois brumeux, à l’image des paysages de leur Écosse natale.

Des bords de la Clyde aux guitares slide

Le groupe tient son nom du film Paris, Texas de Wim Wenders, sorti quelques années plus tôt en 1984. Les membres ont été particulièrement séduits par la musique du film signée Ry Cooder, et notamment ses guitares slides qui donnent au film toute son ambiance.

À partir de
32,83€
En stock
Acheter sur Fnac.com

« C’est vrai qu’au début, la BO a beaucoup influencé notre musique. Lorsque tu montes un groupe à Glasgow, tu as toujours l’espoir que cela finira par te mener quelque part, vers une issue. Et tu as ce rêve qui te martèle la tête que cela te conduira jusqu’en Amérique mais tu n’y penses pas 24 heures sur 24. Texas, c’est un nom super pour un groupe. Heureusement, dans une poignée d’albums, les gens ne penseront plus forcément à cette influence cinéphile. Ca n’est qu’un nom, après tout, même si nous avons d’excellentes raisons de l’utiliser », confiait Sharleen Spiteri à Best en 1989. 

À partir de
20€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Le groupe va même jusqu’à utiliser une typographie quasi similaire à la bande-son du film sur la pochette de leur disque – effaçant juste « Paris ». Un visuel minimaliste qui, d’ailleurs, aurait pu en laisser dubitatif plus d’un. 

Paris-Texas 33T

16,99€
22€
Voir sur Fnac.com

Southside, la première pépite des Écossais

Rentrer dans le monde de la musique avec aussi peu d’accroche visuelle était risqué. Si le groupe – comme tout artiste – a l’ambition d’être reconnu, il ne s’intéresse pas vraiment au côté marketing. Peut-être parce que ses membres viennent tous d’un milieu populaire et que leurs chansons parlent de celles et ceux qu’ils côtoient chaque jour depuis des années.

« Glasgow est une authentique cité prolo et tous nos potes sont des prolos, alors pas question de rentrer à la maison la tête enflée. C’est vital de continuer à vivre là-bas car nous ne perdons pas le contact avec tout ce qui a fait que nous sommes ce que nous sommes. Si tu veux conserver une intégrité de groupe, tu ne renies pas les gens qui t’on fait« , soulignait ainsi Ally Mc Erlaine dans Best en 1989.

Malgré le peu de « marketing » (dirait-on aujourd’hui) qui entoure la sortie de leur premier album, Texas marque les esprits. La raison ? Ce qu’il contient fait toute la différence : c’est là que se cache le trésor. Et des pépites, il y en a plus d’une.

À commencer par I Don’t Want A Lover. Qui n’a pas une fois dans sa vie entendu cette chanson ? Levez la main… Voilà.

28,99€
37,63€
Voir sur Fnac.com

Le titre commence par une belle entrée en matière avec cette guitare slide d’Ally qui donne immédiatement le ton. Décollage vers les grandes plaines du Texas. Et puis, il y a la voix de Sharleen qui scande à qui voudra bien l’entendre qu’elle ne veut pas d’un amoureux, mais simplement d’un ami. S’ajoute un tempo mêlant rock et blues, bien loin de ce que l’on peut imaginer venir des bords de la Clyde.

Ce titre fait partie de l’histoire du groupe, pas seulement parce que c’est leur premier, mais aussi parce que cette chanson reste à jamais gravée dans les esprits. Un concert de Texas sans ce morceau dans leur setlist ? Ce serait faire injure au public.

Mais I Don’t Want A Lover n’est pas le seul tube de l’opus. Everyday Now ou Prayer For You comptent parmi les titres qui ont fait la renommée et le succès de l’album, entre blues, country et pop. Et pourtant, les membres du groupe avouent n’avoir jamais mis les pieds aux Etats-Unis.

Si la rugueuse guitare slide d’Ally marque définitvement ce disque, notamment sur le titre instrumental qui porte le nom de l’album, elle n’en fait toute la tonalité. Lorsque vous écoutez des titres comme Fight The Feeling ou One Choice, on est plus du côté de la pop et du rock avec cette batterie omniprésente. Et certains riffs de guitares bien sentis sont loin de la musique de Ry Cooder.

Southside est un album hybride : ni vraiment pop comme leurs compatriotes Simple Minds, ou des groupes de l’époque tels que U2, Simply Red, Cure, Tears for Fears (pour ne parler que des Britanniques), ni totalement blues – la Clyde n’étant pas le Mississipi.

Mais alors, q’est-ce qui fait que cet opus trouve son public ? Personne ne sait. Texas, en cette année 1989, s’est imposé au milieu de Madonna, de la Lambada et bien d’autres. Peut-être justement que cette hybridité a séduit les amateurs de pop comme de blues/rock ? Peut-être que la personnalité comme la voix de Sharleen Spiteri ont aussi joué ?

Leur jeunesse, leur envie viscérale de faire de la musique, leur osmose, leur simplicité, leur musique sans fioritures : c’est sans doute un peu de tout cela qui a fait la renommée de cet album, qui distille une forme d’intemporalité.

Une nouvelle édition en 2025

Depuis ce premier album – qui les a fait connaître bien au-delà de leur Glasgow adoré –, le groupe a changé de label et de maison de disque. Ainsi, si Southside n’était plus vraiment disponible jusqu’à maintenant, c’est chose réparée avec la réédition du mythique opus ce 19 septembre 2025. Alors, à quoi s’attendre ?

D’abord, les bandes analogiques de l’époque ont été remastérisées dans le studio londonien d’Abbey Road – on ne peut plus emblématique –, que le groupe a déjà foulé. Ensuite, vous trouverez Faith, un inédit qui n’était pas sorti dans la première mouture de la version vinyle de l’album, mais que les fans connaissent.

Et comme les Écossais ne font pas les choses à moitié, vous découvrirez également des démos rares, histoire de contempler le parcours de certains titres jusqu’à leur version définitive. Enfin, on y retrouve des versions live enregistrées à l’époque au Paradiso à Amsterdam, lors de la tournée de l’album en 1989.

De quoi ravir les fans bien sûr, mais aussi celles et ceux qui n’avaient jamais entendu parler de Texas, de découvrir combien cet album a marqué la carrière de ces quatre musiciens. Malgré ses couleurs musicales inspirées par la musique du film Paris, Texas, Southside n’est pas une simple copie de cette BO. Si l’opus offre une respiration assumée à cette dernière, il démontre comment ce jeune groupe a su se départir de ces influences pour créer sa propre tonalité, sa propre vibration.

Ils ont une vraie culture musicale, un amour pour la musique, et ce dans des styles différents comme la pop des Beatles, la soul de Motown, le rock des Clash, et même le rap. C’est cette fusion à divers degrés qui fait le son de Texas, un son qui a évolué depuis Southside, bien que différent d’un album comme Hi – qui ne paraît pas complétement détonnant.

C’est peut-être la force des albums qui traversent le temps, tout en marquant au fer rouge leur époque. Southside en fait partie assurément. Deux millions d’exemplaires vendus dans le monde, certifié platine en France : les chiffres parlent d’eux-même.

Southside est un premier coup de maître des Écossais qui ont tissé depuis une grande histoire d’amour avec les Français.es. Un héritage, peut-être, de l’Auld Alliance, cette alliance née en 1295 entre les Royaumes de France et d’Écosse contre leur ennemi commun, l’Angleterre ? Ou les origines françaises de Sharleen Spiteri ?

Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
Sélection de produits