Décryptage

Marianne Faithfull : c’est quoi ce beau coffret qui célèbre l’icône des sixties ?

31 juillet 2025
Par Julien D.
Marianne Faithfull : c'est quoi ce beau coffret qui célèbre l'icône des sixties ?

Un joli coffret soigneusement emballé, dédié à l’emblématique Marianne Faithfull, ça vous tente ? Avec son lot d’archives et d’inédits, ainsi que les quatre premiers album de la chanteuse britannique, « Cast Your Fate To The Wind » paraît ce 1er août 2025, quelques mois à peine après sa disparition.

Six mois seulement que la grande Marianne Faithfull s’en est allée, le 30 janvier 2025 à l’âge de 78 ans. Mais il suffit de discuter avec des disquaires ou des mélomanes accros aux sixties pour constater cette drôle d’impression que l’égérie du Swinging London nous a quittés depuis bien plus longtemps que ça. 

L’avalanche de rééditions, le nombre de nouveaux artistes présentés chaque semaine, les milliers de titres mis en ligne chaque jour ou le tourbillon de la vie agissent comme une sorte d’anesthésiant, balayant de nos mémoires des événements pourtant majeurs dans l’histoire de la pop anglo-saxonne.

Alors, quand a été annoncée une ressortie – superbement soignée – des premiers enregistrements de Marianne Faithfull pour la firme DECCA (entre 1965 et 1967), un nécessaire coup d’œil dans le rétro s’imposait.   

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Spleen adolescent 

Si dans l’inconscient collectif, le souvenir de Marianne Faithfull est incontestablement lié à ce timbre rauque et cet accent à couper le fog londonien au couteau, il faut réécouter ses deux premiers albums (Come My Way et Marianne Faithfull) – parus simultanément en 1965 – pour se rappeler que la chanteuse n’a pas toujours eu cette voix de rockstar désabusée.

Elle n’avait que 17 ans lorsqu’elle a été repérée par Andrew Loog Oldham (le premier manager des Rolling Stones), et tout juste 18 ans quand est sort son premier single, As Tears Goes By. Deux ans plus tard seront publiés les deux LP.

Un bijou tel que Come My Way mérite définitivement d’étre réédité. On y trouve ces intermèdes de poésie et de littérature chantée-parlée, hérités directement de son expérience du théâtre – qu’elle a laissé tomber pour embrasser une carrière musicale. Quelques compositions originales et des versions très personnelles de classiques du répertoire blues/folk américain (House Of Rising Sun, Black Girl…) feront le bonheur de celles et ceux pour qui convoitent les résonnances folk de Marianne Faithfull.

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Résolument plus pop, l’album éponyme – qui contient le classique intemporel As Tears Goes By – est en revanche le fruit typique de cette époque et du travail des producteurs/arrangeurs – les hommes qui, dans l’ombre des studios, ont façonné le son si reconnaissable du Swinging London

Le titre qui ouvre l’album, Come And Stay With Me, et quelques autres singles à succès regorgent de rythmiques pop, avec ces cordes, percussions, handclaps, clavecins et autres « trucs à la mode » qui ont façonné cette pop baroque omniprésente chez les artistes des sixties. 

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Formule gagnante

À la suite du succès de Marianne Faithfull avec ces deux premiers albums, la maison de disque Decca réitèrera la même formule en publiant, à quelques mois d’intervalle, deux nouveaux opus : l’un folk, l’autre pop – pourquoi s’embarrasser après tout ?

North Country Maid (1966) est un disque aux résonnances exclusivement folk, dont une partie du répertoire est tirée du patrimoine traditionnel anglais – quand les autres compositions sont signées par quelques grands noms du genre (Tom Paxton, Bert Jansch, Donovan). 

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Love In A Mist, qui sort en 1967, est un album qui, a contrario, épouse là encore les codes de la musique pop. Compositions de circonstances ou emprunts (Tim Hardin, Lennon, McCartney, Jackie Deshanon, Jacques Demy, Michel Legrand, Donovan…) : Marianne Faithfull maîtrise son sujet à la perfection.

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Ces deux albums ont rarement été réédités, pour la simple raison qu’ils ont été beaucoup moins vendus que les deux premiers. Pourtant, l’un comme l’autre ne manque pas d’arguments, que ce soit dans le choix des titres comme dans l’interprétation qu’en fait la jeune chanteuse britannique.

Mais c’est bien le succès fulgurant de ses débuts – ceux d’une femme qui n’avait pas encore défrayé la chronique, ni entaché les bonnes mœurs britanniques – que l’on retiendra, bien plus que la construction d’une œuvre sincère. Une oeuvre que Marianne Faithfull elle-même finira par mettre à distance. Pourtant, quelques temps avant sa disparition, elle confiait : 

« J’ai toujours eu une vision claire de ce que je voulais exprimer dans mes premiers enregistrements. Ce que l’on perçoit comme un saut entre mes débuts et Broken English, c’est simplement le reflet de l’expérience – la vie a suivi son cours. Mais pour moi, tout est resté connecté. La musique a évolué, ma voix aussi, mais ma manière d’aborder la création est restée la même, j’ai toujours su où j’allais. […] Ce que beaucoup ignorent, c’est à quel point nous avons mis du soin, de la réflexion et de l’intention dans ces premières œuvres. Il m’a fallu du temps pour les apprécier à leur juste valeur, mais aujourd’hui, j’en suis profondément fière. J’espère que vous les aimerez autant que moi ».

« Ce que beaucoup ignorent, c’est à quel point nous avons mis du soin, de la réflexion et de l’intention dans ces premières œuvres. Il m’a fallu du temps pour les apprécier à leur juste valeur, mais aujourd’hui, j’en suis profondément fière. »

Une période qui, au fil du temps, a été éclipsée par un événement majeur dans la carrière de Faithfull : la sortie de Broken English en 1979. Après ces années d’errances qu’on lui connaît – son addiction à l’héroïne, ses troubles du comportement alimentaire ou son passage par la case « sans domicile fixe » – ce disque signé chez Island Records sera LE monument qui marquera le retour en grâce de Marianne Faithfull. Mais ça, c’est une autre histoire. 

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Article rédigé par
Julien D.
Julien D.
Disquaire à la Fnac Montparnasse
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