Actu

Le Bastion des larmes : l’œuvre poignante d’Abdellah Taïa en lice pour le Prix Goncourt

08 octobre 2024
Par Sarah Dupont
Le Bastion des larmes : l’œuvre poignante d’Abdellah Taïa en lice pour le Prix Goncourt

Abdellah Taïa nous livre, avec Le Bastion des larmes, une fresque intime où les échos du passé résonnent dans les ruelles de Salé, sa ville natale. En lice pour le Prix Goncourt et Goncourt des Lycéens 2024, ce roman, salué par la critique, explore avec profondeur les thèmes du deuil, de l’exil et des différences sociales dans un Maroc à la fois splendide et brutal.

Tel un vent chargé de souvenirs, Le Bastion des larmes souffle avec délicatesse et violence sur les rives du Maroc, berceau d’Abdellah Taïa. Paru le 22 août, ce roman des éditions Julliard nous plonge au cœur d’une mélodie intime où les silences de la famille, les cicatrices du deuil, et les échos d’un amour disparu s’entrelacent.

Entre fiction et autobiographie, il est l’histoire d’un retour vers une vie d’antan, tout en dévoilant les fissures d’une société rongée par la violence. Sélectionné pour le Prix Goncourt et Goncourt des Lycéens 2024, cet ouvrage navigue entre la colère et l’amour, la révolte et la nostalgie, à l’image d’un chant doux-amer.

Retour vers le passé

De retour à Salé, sa ville natale, après 25 ans d’exil en France, Youssef, un professeur marocain, est confronté aux fantômes de son passé alors qu’il vient liquider l’héritage familial suite au décès de sa mère. Chaque ruelle, chaque pierre du Bastion des Larmes ravive les souvenirs d’une enfance marquée par la souffrance, l’amour pour ses sœurs et la figure tragique de Najib, son ami et premier amour, emporté par un destin cruel dans les griffes de la corruption et du trafic de drogue sous le règne du roi Hassan II.

À mesure que Youssef se replonge dans ces souvenirs, il se confronte à la violence sociale et à ses propres dilemmes intérieurs. Les larmes du deuil se mêlent à la colère et à la révolte, alors qu’il doit faire face à ses choix : pardonner et tourner la page ou se laisser happer par les cicatrices du passé, symbolisées par une promesse jadis faite à l’ombre des remparts de la vieille ville.

Roman aux inspirations autobiographiques

Ceux qui connaissent un tant soit peu Abdellah Taïa reconnaîtront dans le personnage de Youssef un écho à l’auteur lui-même. Originaire de Salé, issu d’une famille modeste et exilé en France, Youssef partage avec Taïa des points communs marquants, notamment son homosexualité, qu’il a été l’un des premiers écrivains marocains et arabes à revendiquer publiquement, dans ses œuvres comme dans les médias.

À partir de
21€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Taïa s’est fait connaître avec des romans marqués par une forte dimension introspective, où son attachement à son pays natal, le Maroc, se heurte souvent aux différences culturelles et aux blessures que l’exil a laissées. Si Le Bastion des larmes s’inspire d’éléments de sa propre vie, il ne s’agit toutefois pas d’une autobiographie, mais d’une exploration sensible des thèmes de la mémoire, des liens familiaux et de l’amour perdu, au cœur d’une société marocaine où l’identité, qu’elle soit sexuelle ou sociale, est souvent mise à l’épreuve.

Un roman qui éblouit la critique

Nommé cette année pour le prestigieux Prix Goncourt, dont le lauréat sera annoncé le 4 novembre, Le Bastion des larmes d’Abdellah Taïa a déjà conquis la critique, qui salue son pouvoir émotionnel et sa profondeur. Le Monde parle d’un « roman éblouissant » où la ville de Salé, « vivante et terrible, misérable et splendide », incarne un personnage à part entière. Pour Télérama, c’est une œuvre « sensible et consolatoire », tandis que L’Humanité loue sa « grande puissance révélatrice », témoignant de l’habileté de Taïa à mêler réalité et fiction avec finesse.

À lire aussi

Article rédigé par
Sélection de produits