L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. À l’occasion de la sortie du nouveau roman de Joël Dicker, Un animal sauvage, allons mener l’enquête chez nos voisins suisses !
On la connaît comme contrée du chocolat, du gruyère, des montres de luxe et aussi de certains produits financiers, mais bon, la Suisse est aussi un grand pays de polar. La preuve notamment avec Joseph Incardona et Joël Dicker. On connaît évidemment les grands noms de la littérature suisse, de Jean-Jacques Rousseau à Ramuz. Mais au fur et à mesure des années, comme partout dans le monde, nos voisins helvètes ont su s’approprier les codes du genre polar, du thriller ou du roman noir.
Menons l’enquête en Suisse
Cette richesse est bien sûr linguistique, car, je vous le rappelle, en Suisse, on parle aussi bien allemand, qu’italien et français.
Du côté alémanique, il y a un grand nom qui s’impose, c’est celui de Martin Suter auquel on doit notamment Small World, La Face cachée de la lune ou bien encore Un ami parfait.
Chez les italophones, on citera volontiers le nom d’Andrea Fazioli, notamment pour son roman Vengeance d’orfèvre.
Mais concentrons nous sur le domaine francophone. Ainsi, saviez vous que l’un des auteurs de la prestigieuse Série Noire, Frédéric Jaccaud, était suisse ? On vous renvoie vers ses romans comme Monstres, Exil, La nuit ou bien encore, mais ça c’est chez un autre éditeur, un roman au titre très prometteur Glory Hole. Tout un programme…
On connaît peut être un peu mieux en France Nicolas Feuz dont les romans marchent plutôt très bien en poche et qui avait fait paraître à l’automne dernier Le Philatéliste dans une maison d’édition, Rosie and Wolfe, dont le patron n’est autre que Joël Dicker, on y reviendra.
Mais attardons nous sur deux romans particulièrement remarqués en ce début d’année. Tout d’abord, Stella et l’Amérique de Joseph Incardona. Un nom qui est grosso modo connu depuis une vingtaine d’années, notamment avec La soustraction des possibles. Dans Stella et l’Amérique il raconte le parcours d’une prostituée miraculeuse, à savoir Stella, péripatéticienne itinérante qui a une vertu, celle de guérir ses clients lorsqu’ils sont a priori atteints de maladies incurables. Miracle, vous avez dit, certes, mais qui ne plaira pas à tout le monde. Ainsi, le Vatican ne va que modérément apprécier cette situation et va tout mettre en œuvre pour régler ce problème quelque peu embarrassant. On retrouve là tout le meilleur de Joseph Incardona, dont on sent le plaisir qu’il a à raconter, une histoire quelque peu irrévérencieuse et le tout avec un ton qui pourra rappeler, en mélange, mettons, entre Donald Westlake et Quentin Tarantino.
L’événement : Un animal sauvage de Joël Dicker
Et il est bien sûr impossible d’éviter celui qui est une véritable star depuis la parution de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert.
J’ai nommé, vous l’aurez reconnu, Joël Dicker. Un animal sauvage s’ouvre sur un braquage, celui d’une bijouterie du côté de Genève. Mais quels sont les liens entre ce hold up spectaculaire et l’histoire de deux couples, l’un plutôt très aisé, l’autre beaucoup moins, et qui est quelque peu jaloux de la fortune du premier ? Vous saurez tout sur cette intrigue sinueuse à souhait, concoctée de main de maître par l’auteur de L’affaire Alaska Sanders.
Bon, bien sûr, les esprits chagrins pointeront du doigt le style. On le sait, Joël Dicker, ce n’est pas Marcel Proust. Ceci dit, on reconnaîtra une fois encore les grandes qualités de l’atmosphère, des rebondissements et surtout de la construction absolument implacable.
Et pour cela, merci Joël !
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