Après le succès de Piranhas, Roberto Saviano revient le 4 avril avec Baiser féroce, second volet de son diptyque romanesque consacré aux baby-gangs. Et l’écrivain-soldat en cavale de poursuivre ici son exploration de la réalité de la criminalité mafieuse et de ses métamorphoses. Glaçant !
Vengeances et trahisons
« Si tu meurs à 90 ans, tu n’es personne, si tu meurs à 20 ans, tu es une légende… » Telle est la philosophie de Nicolas Fiorillo, alias Maharaja, impitoyable baby boss napolitain que l’on découvrait en octobre dernier dans Piranhas, le premier roman de Roberto Saviano. Et aux côtés de Maharaja, toute une bande d’apprentis Tony Montana bercés de mythes mafieux et avides de pouvoir, bien décidés à détrôner dans le sang les vieux Parrains afin de s’auto-couronner rois. On faisait ainsi la connaissance d’Oiseau mou, Dentino, Drago, Tucano, Cocorico, Lollipop, Biscottino et autre Jveuxdire… On les retrouve à peine plus âgés de quelques mois dans un entrelacs infernal de vengeances et de trahisons.
En rouge et noir
Avec Baiser féroce, l’auteur de Gomorra parfait le portrait de cette jeunesse carnassière et livrée à elle-même. Et derrière la fiction, des métamorphoses bien réelles. Celles d’une mafia « à l’ancienne » de plus en plus bouleversée par le phénomène des baby-gangs. Ils ont 14-15 ans, tous « enfants de la Camorra », plus féroces encore que leurs aînés. De jeunes requins aux dents longues et acérées qui ont parfaitement su intégrer à leurs activités criminelles les lois de l’ultra-libéralisme : faire du profit, consommer beaucoup et vite. Dans Baiser Féroce, Saviano accélère, amplifie, densifie son récit pour finir en apothéose ce roman en rouge et noir.
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