Dans son nouveau roman, le benjamin de l’Académie française Andréï Makine imagine le parcours d’un jeune écrivain provocateur et de son mentor, plus nihiliste encore. Politique, migration littérature et transmission sont le sujet de ce roman pour le moins d’actualité, nommé Au-delà des frontières.
Roman dans le roman
Tout part d’un manuscrit, intitulé Le Grand Déplacement, qui imagine le départ (forcé) pour l’Afrique de tous ceux qui se réclament du multiculturalisme et de l’antiracisme. Ce livre est très réactionnaire, et pourtant écrit par un tout jeune homme, Vivien de Lynden. Et c’est la mère de ce dernier, Gaïa, qui va tout faire pour le publier, en s’adressant au narrateur, un écrivain, ami d’un certain Gabriel Osmonde… Dès lors, Au-delà des frontières raconte la lecture d’un manuscrit par un éditeur, tout autant que la relation entre Gaïa et le personnage principal, dans un livre qui voit s’entremêler la problématique du politiquement correct tout autant que la rencontre entre deux êtres…
Mise en scène de soi
Les connaisseurs de l’œuvre d’Andréï Makine auront un sourire à la lecture de ce résumé : l’existence, dans le roman, du personnage de Gabriel Osmonde leur rappellera le pseudonyme que l’écrivain a lui-même utilisé pendant quelques années, et qui vient prouver que l’académicien a, comme dans Le Testament français, mis beaucoup de lui-même dans Au-delà des frontières, une fiction où l’identité, la quête de sens et de soi a autant sa place que le contexte politique.
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Paru le 30 janvier 2019 – 270 pages