À son bord, plus de 200 réfugiés fuyant l’Europe nazie et la France de Vichy. Parmi eux, des artistes réprouvés ou des intellectuels pourchassés pour leurs engagements, leurs origines ou leurs travaux. L’occasion de revivre la grande histoire par la petite, dans le huis-clos d’un bateau voguant en direction de Pointe-à-Pitre.
« Nous ne pouvons connaître le goût de l’ananas par le récit des voyageurs »
C’est de cette phrase mystérieuse que ce roman maritime prend son départ. Citation de Leibniz, elle est l’occasion pour l’auteur de concevoir une certaine idée du roman et de la mémoire, entre expérience réelle et imagination.
C’est le 24 mars 1941 que le Capitaine appareille. Tous ses passagers fuient l’Europe en guerre qui les menace pour diverses raisons. Beaucoup d’inconnus et quelques figures de proue : l’artiste surréaliste André Breton, considéré comme un dangereux anarchiste ; Claude Lévi-Strauss pour ses origines juives ; le révolutionnaire Victor Serge ; l’écrivaine allemande Anna Seghers ; ou encore le peintre cubain Wifredo Lam.
Tous dans le même bateau
Le voyage est pénible, et l’espoir devra passer par une véritable sinécure. L’auteur restitue une époque et une histoire à travers des personnages en suspens, dont le destin est étroitement lié durant un temps déterminé.
Le procédé narratif fait évidemment penser à son premier roman Constellation, Grand Prix du roman de l’Académie française 2014, récit du voyage de l’avion du même nom, qui en 1949 allait s’écraser avec à son bord le boxeur Marcel Cerdan ou la musicienne Ginette Neveu.
Ici, ce sont des exilés du régime de Vichy ou des républicains survivants de la guerre d’Espagne. Là encore, tout est vrai et tout est inventé. La fiction s’entremêle à l’histoire pour notre plus grand plaisir, avec Adrien Bosc à la barre.
Un roman attendu de cette rentrée littéraire 2018, et certainement bientôt très commenté.
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Parution le 22 août 2018 – 400 pages