Nouvelle venue dans le paysage éditorial français : Atelier Akatombo, une maison d’édition consacrée à la fiction japonaise ! Fondée par l’auteure de polars Dominique Sylvain et son mari, Frank Sylvain, la maison se lance avec un premier titre, Le loup d’Hiroshima de Yûko Yuzuki, à paraitre le 21 juin. Présentation par ses éditeurs de ce roman de guerre des gangs ancré à Hiroshima.
L’auteure
Yûko Yuzuki est née en 1968 dans la préfecture d’Iwate au nord-est du Japon. Dans une interview, elle déclare avoir découvert très jeune la littérature policière, notamment occidentale. Enfant, puis adolescente, elle dévore les romans d’Agatha Christie, de Conan Doyle et de Maurice Leblanc. Aux romans ou mangas « pour filles » (shôjo manga) appréciés des collégiennes, elle préfère les histoires de samurai, publiées en feuilletons dans les revues auxquelles était abonné son père.
Elle se marie à 19 ans, déménage dans la préfecture montagneuse du Yamagata et élève ses deux enfants. Ce n’est qu’à 37 ans, une fois ses enfants diplômés, qu’elle s’inscrit à des ateliers d’écriture. Elle suit alors la voie classique au Japon, qui est de soumettre des nouvelles ou des romans pour des concours organisés par des quotidiens ou des revues. Lorsqu’elle a 39 ans, un quotidien de sa région, le Journal de Yamagata, lui décerne son premier prix. Mais celui qui la fera connaître du public lui est donné l’année suivante par la revue Kono Mis (le titre complet est Kono mistery ga sugoi, « ce roman policier est fantastique »). La revue publie un palmarès annuel très prescripteur des meilleurs polars du Japon. Son impact peut être comparé à celui qu’aurait un Goncourt du polar.
Hideo Yokoyama, un des auteurs les plus reconnus de la littérature policière japonaise contemporaine (son roman Six-Quatre a été publié en 2017 aux éditions Liana Levi), l’encourage à poursuivre sa carrière de romancière. Encouragée par ce mentor, Yûko Yuzuki écrit alors une série de romans mettant en scène l’avocat et ex-policier Sakata Sadato, dont les aventures se déroulent dans la préfecture d’Hiroshima.
Yuzuki a déclaré : « Dans Sherlock Holmes, plus que la résolution de l’énigme, c’est la relation entre Holmes et le docteur Watson qui m’interpelle ». Stylistiquement, elle se place, à la suite de Seichô Matsumoto et de Hideo Yokoyama, dans une veine réaliste où l’interaction entre les personnages est un élément fondamental de l’intrigue. Son regard humaniste évoque immanquablement Simenon, auquel Matsumoto a été souvent comparée. Les commentateurs japonais ont remarqué l’aisance et la véracité avec laquelle la romancière a décrit, dans Le loup d’Hiroshima, le monde des yakuzas, traditionnellement fermé et masculin.
Contexte historique et guerre des gangs à Hiroshima
Après la bombe atomique, la reconstruction de la ville d’Hiroshima a été une opportunité pour la pègre. Dès la fin de la guerre, les différentes grandes fédérations de gangs de l’archipel se sont affrontées localement pour le partage d’un territoire redevenu vierge, d’autant que des milliers d’orphelins représentaient de nombreuses recrues potentielles. Cette guerre des gangs d’Hiroshima a perduré, dans sa forme paroxystique, jusqu’au début des années 70, et a inspiré de nombreux réalisateurs de cinéma et de télévision. La série de films de cinéma Jingi naki tatakai (Batailles sans honneur ni humanité), basée sur les confessions du yakuza Kozô Minô, a connu un énorme succès public.
Cette guerre des gangs sert également de support à la série de jeux Yakuza sur Playstation (Ryu ga gotoku, « Comme un dragon »). Le dernier en date, Yakuza 6, produit par Sega, est sorti en avril 2018.
Grâce à ces films vus à l’adolescence et à un énorme travail de documentation sur le terrain, Yûko Yuzuki publie en 2015 au Japon Le loup d’Hiroshima (Kôrô no chi, « Le sang du loup solitaire ».) Le roman est immédiatement salué par la critique, et la romancière reçoit pour cet ouvrage le prestigieux Grand prix de l’Association des écrivains japonais de romans policiers 2016. La même année, le roman est dans les dernières sélections des prix Naoki et Yoshikawa. Le premier est un important prix de littérature générale, le second récompense les ouvrages de littérature populaire d’action.
Résumé
À la fin des années 80, dans la préfecture d’Hiroshima, un duo de policiers désassorti tente à tout prix d’empêcher une résurgence de la guerre des gangs.
En été, la chaleur est accablante sur la côte de la Mer intérieure du Japon. Cette ambiance étouffante ne fait qu’exacerber la tension entre yakuzas. Quand le comptable d’une douteuse officine de prêt se volatilise en même temps que l’argent d’un gang, les signaux passent au rouge.
L’enquête est menée par le commandant Ôgami, un homme à la réputation de loup solitaire du fait de ses méthodes singulières et de son mépris de la hiérarchie. On vient de lui donner un nouvel adjoint, le lieutenant Hioka, diplômé de l’université et karateka sans expérience du terrain. Ôgami parviendra-t-il à éviter le bain de sang ? Quel est le secret qui le lie à la séduisante Akiko, mama-san d’un bar-restaurant ouvert tard ? Et surtout, quels sont les vrais visages de la corruption ? Pour répondre à ces questions, vétéran et novice se lanceront dans une course contre la montre aussi tactique que périlleuse.
Réception
Avec la parution en poche en 2017, le tirage total dépasse les 300 000 exemplaires au Japon. L’adaptation cinématographique sortira le 12 mai dans l’archipel.
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Parution le 21 juin 2018
Le Loup d’Hiroshima, Yûko Yuzuki (Atelier Akatombo) sur Fnac.com