A quoi reconnaît-on un chef d’œuvre ? Sans doute à sa capacité à résister à l’épreuve du temps. Rencontres du 3ème type, le quatrième film de Steven Spielberg, est assurément de ceux-là. Avec ses 40 ans au compteur (1977-2017), ce classique de la science-fiction continue toujours de fasciner ceux qui le (re)découvrent. Cela méritait bien une réédition !
De la mer au ciel
1977… l’Amérique est sous le choque. Un certain Luke Skywalker vient de faire sauter l’Etoile noire ! Une révolution est déjà en marche, celle du nouvel Hollywood. Et Steven Spielberg en est l’une des figures de proue, aux côtés de ses copains George (Lucas), Francis Ford (Coppola) et autre Martin (Scorsese). 1977, donc… Steven sort à peine la tête de l’eau suite au tournage compliqué – mais couronné de succès – de ses Dents de la mer, et planche déjà sur son prochain film. En vérité, il y pensait bien avant son Grand requin blanc. L’idée, « une narration conceptuelle sur les OVNIs et le Watergate » ! A cette époque, Spielberg est un fondu de soucoupes volantes, portant en lui l’intime conviction que, non, définitivement, nous ne sommes pas seuls et que l’on ne nous dit peut-être pas tout. C’est ainsi qu’il concevra son Rencontres du 3ème type : non pas comme un film de science-fiction mais comme un film de science. Autrement dit « Si vous croyez en une vie ailleurs, ce n’est pas de la science-fiction. Si vous n’y croyez pas, ça l‘est ».
Du rêve à la réalité
« Je veux m’assurer que ça arrive vraiment », confie Roy Neary (impeccable Richard Dreyfuss) au professeur Lacombe (étonnant François Truffaut, dont Spielberg est un grand fan), alors qu’il s’apprête à vivre son rêve en montant à bord du vaisseau mère extraterrestre, allégorie de l’inconnu, de l’avenir… Celui de Steven, bien sûr. Rencontres du 3ème type apparaît alors comme une véritable profession de foi du jeune réalisateur au cinéma, du créateur à son art. Pour Spielberg, ce film reste l’histoire d’un rêve. « L’histoire de nos rêves communs ». Et de poursuivre, « on a fait ce film comme des enfants, en croyant à des choses insensées auxquelles seul un enfant croit. » Ce rêve, Spielberg s’est donné la peine et les moyens de le réaliser.
Le premier film « spielbergien » de Spielberg
Dans Rencontres du 3ème type, Steven Spielberg conjugue tous les motifs de son cinéma. L’enfance, la famille (dysfonctionnelle), cette façon d’ancrer l’extraordinaire dans l’ordinaire et, déjà, une mise en scène tirée au cordeau. Rencontres du 3ème type, c’est une fantastique symphonie de sons et lumières, aussi ahurissante qu’harmonieuse, magnifiée par la BO de John Williams (tout juste auréolé de sa partition de Star Wars). La musique comme langage, ne faisant qu’un avec l’intrigue, et finalement érigée en point de ralliement entre deux civilisations. L’idée est puissante ! En bref, Rencontres du 3ème type, c’est un concentré de magie cinématographique pour nous faire trembler, rire, rêver. C’est l’art et la manière de nous faire croire aux extraterrestres et à leur présence sans jamais nous les montrer (ou si peu, à l’ultime fin du film…). Du pur génie et une leçon !
Avec ce film, Steven Spielberg semble s’être donc évertué à répondre à la sacro-sainte question que se pose un jour tout réalisateur : à quoi sert le cinéma ? Pour Spielberg, c’est évident : à raconter des histoires capables de résister au temps, à susciter des émotions et à rendre possible l’impossible… Vous, par contre, vous n’avez aucune question à vous poser : découvrez et redécouvrez encore avec un plaisir resté intact ce chef d’œuvre du cinéma, réédité aujourd’hui, à l’occasion de ses 40 bougies, dans une version Blu-ray et Blu-ray 4K exceptionnelle. A ne pas manquer, en bonus, le regard croisé entre trois grands enfants du cinéma : Spielberg, J.J. Abrams et Denis Villeneuve dont le récent et magnifique Premier Contact ne peut renier sa filiation avec Rencontres du 3e type !