Diffusée sur Canal + et maintenant disponible en DVD, Le Bureau des Légendes, série d’Eric Rochant, continue de captiver le public, en mélangeant espionnage, humanisme et manipulation. La 5e saison est annoncée pour le 6 avril, et c’est Jacques Audiard qui accompagnera Rochant à la réalisation. Retour sur un phénomène télévisuel.
Solide comme un Rochant
Pas facile de deviner le parcours d’Eric Rochant, cinéaste qui émergea à la fin des années 1980 grâce à Un monde sans pitié. Un film générationnel, le premier d’une sorte de « nouvelle vague » venue de l’IDHEC (puis de la Fémis), école de cinéma d’où ont jailli les Desplechin, les Ferran, les Lvovsky. Dans les années 1990, ça et là, Rochant allait prouver qu’un sujet lui tenait particulièrement à cœur : l’espionnage. Les Patriotes, en 1994, ou Möbius en 2013, ont prouvé son savoir-faire en matière de thrillers du genre.
Print the legend
C’est avec la série Mafiosa qu’Eric Rochant est entré dans l’univers des séries Canal +, la chaîne cryptée ayant depuis le milieu des années 2000 une ambitieuse politique créative. Ayant réalisé quelques épisodes du feuilleton, le réalisateur a pu constater les possibilités que lui offrait le genre, et s’est lui-même attelé à la création d’un nouveau programme, Le Bureau des légendes, diffusé depuis 2014. Mettant en scène les agents de la DGSE, sur le terrain et dans leurs bureaux parisiens, la série a remporté un franc succès grâce à son réalisme, et à la qualité de l’interprétation. Mathieu Kassovitz, Léa Drucker, Jean-Pierre Darroussin, Sara Giraudeau ou Gilles Cohen composent ainsi un casting cinq étoiles, qui vient prouver plus que jamais la porosité actuelle entre petite lucarne et grand écran.
Nœuds d’espion
Choisissant de mettre l’accent sur la plus rude section de la Direction Générale des Services Extérieurs, les services clandestins, Le Bureau des Légendes se veut une immersion dans le monde de l’espionnage d’aujourd’hui. Entre intox à l’ancienne (fausse identité, mensonges, doubles jeux) et usage des technologies de l’information (télécommunication, électronique…), la série montre en quoi les vrais héros de l’ombre vivent à cent lieues du monde de James Bond, et risquent leurs vies à des fins politiques. D’un point de vue dramatique, la série joue par ailleurs la carte des intrigues classiques d’espionnage, avec taupes, retournement d’agents doubles, amourettes risquées et problèmes d’interférence entre vie privée et vie secrète. Profitant des grands enjeux actuels du renseignement (notamment la lutte contre le terrorisme), le feuilleton s’inscrit parfaitement dans l’actualité, sans tomber dans le patriotisme ou la critique facile.
Crédits : Le Bureau des Légendes
Et une cinquième saison !
Dès sa première saison, la série a mis l’accent sur un traitement romanesque du récit d’espionnage. Avec une construction soignée des personnages (notamment « Malotru », le protagoniste principal, incarné par Kassovitz), des intrigues de coursives entrecoupées de séquences sur le terrain (notamment en zone syrienne ou en Iran), la série monte en puissance sans accélérer un rythme voulu contemplatif. Nouant derechef ses intrigues complexes dans sa deuxième et troisème saison, Le Bureau des Légendes continue d’être aussi captivant qu’instructif, sans renier son économie et la qualité de son interprétation. Dans la quatrième saison, Eric Rochant s’intéressait cette fois aux espions russes et faisait de la cyber-attaque, l’un des enjeux principaux de la saison. On a donc hâte de découvrir cette cinquième saison, qui s’annonce palpitante. Rendez-vous le 6 avril sur Canal + (ou par précommande, disponible le 31 mai).
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Aller + loin : Mais qui sont les personnages du Bureau des Légendes ?
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