Pereira prétend est l’adaptation en BD d’un roman très populaire de l’auteur et universitaire italien Antonio Tabucchi. Ce genre d’exercice est toujours périlleux, d’autant plus quand le roman décrit l’atmosphère d’une ville, d’une époque et ce qui se passe dans la tête du personnage principal. Pari réussi pour l’auteur de Rouge Karma, qui signe à la fois le scénario et le dessin.
Histoire d’une rédemption
Fin des années 30 à Lisbonne, sous la dictature de Salazar. Le doutor Pereira, est un homme obèse et solitaire depuis la mort de son épouse. Il travaille sans état d’âme pour le Lisboa, un quotidien très conservateur. Un jour, cet homme cultivé, francophile mais qui se laisse vivre, fait la rencontre de Monteiro Rossi, un jeune auteur, et de sa compagne, qui se révèlent être des opposants actifs à la dictature salazariste. Contre toute attente, il engage Rossi pour le journal, bien que ses chroniques littéraires soient des apologies d’auteurs proscrits par la censure. Se produit alors une évolution à la fois physique et morale chez Pereira, car cette rencontre a réveillé sa conscience. Il s’engage lui aussi dans l’opposition à la dictature.
Un roman à valeur de symbole
Sorti au cours de la campagne électorale italienne de 1995, le roman Pereira prétend d’Antonio Tabucchi, à qui l’on doit aussi Nocturne indien, connut un très grand succès. Son héros incarnait une sorte de symbole pour les italiens opposés à Silvio Berlusconi. Pierre-Henry Gomond, déjà auteur des Nuits de Saturne, adapté du roman Carnage, constellation de Marcus Malte, rend très fidèlement cette histoire de métamorphose et de rédemption, usant du dessin et surtout des couleurs, pour rendre compte des états psychologiques de Pereira, tout en restituant une certaine esthétique de la ville de Lisbonne.
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Paru le 3 septembre 2016 – 160 pages
Pereira prétend, Pierre-Henry Gomond (Sarbacane) sur Fnac.com
Planches et dessins © Pierre-Henry Gomond, Sarbacane